De tout et de rien

Voici quelques notes personnelles en réaction à l'actualité et à certains événements de ma propre vie.

jeudi, août 05, 2010

L'AFFAIRE WOERTH-BETTENCOURT

AFFAIRE WOERTH-BETTENCOURT
Voilà plusieurs semaines que cette affaire défraie la chronique.
Elle met principalement en cause deux personnages importants: Mme Bettencourt, patronne de l'Oréal, unanimement considérée comme la femme la plus riche de France et M.Woerth, Ministre du Travail.

Lancée par "Le Canard enchaîné", journal généralement bien informé, cette affaire fait peser de lourds soupçons sur ces deux protagonistes. Mme Bettencourt aurait, dans le cadre de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, illégalement fait don de sommes importantes à L'UMP, par le canal de M.Woerth, alors trésorier de ce parti, poste qu'il a abandonné depuis peu.
Quelque temps après, l'épouse de M. Woerth a été embauchée pour gérer une partie du patrimoine de Mme Bettencourt. Cette dernière aurait, en retour de ses largesses, bénéficié de certaines complaisances fiscales.

Il ne s'agit là, pour l'heure, que de soupçons. Une enquête diligentée par un magistrat du Parquet est en cours. Je note, cependant, qu'il aurait été, pour une pleine transparence, plus juste de confier cette mission, non pas à un tel juge mais à un juge d'instruction parfaitement indépendant du pouvoir, de par son statut.

Quoi qu'il en soit, il convient de se garder de voir cette affaire sous le seul angle d'un fait divers mettant en jeu des particuliers, quelle que soit leur notoriété, pouvant s'être livrés à des arrangements illicites, profitables à toutes les parties concernées. Il importe, par contre, de comprendre que cette affaire met en lumière, de façon très concrète, les aspects essentiels du système politique et économique dont se réclame l'actuel pouvoir, ce système étant le libéralisme que l'on pourrait définir comme la forme la plus achevée d'un capitalisme porté à ses bornes les plus extrêmes.
Les aspects suivants ne peuvent, en particulier, échapper à l'attention. L'affaire Woerth-Bettencourt
- confirme les liens très étroits et privilégiés qu'entretiennent l'actuel pouvoir et le monde du capital. On a vraiment l'impression que le pouvoir accorde à ce monde une attention plus que bienveillante. Il est d'ailleurs célébré, en toute occasion, par le Président de la république en personne.
- révèle, une fois de plus, les gains vertigineux qu'engrangent les grands possédants, les gros actionnaires d'importantes firmes, à l'exemple de MmeBettencourt qui peut, dès lors, distribuer à son proche entourage des sommes colossales.
Qu'on me comprenne bien. Je n'entends pas par là les profits que toute entreprise doit dégager pour investir, se moderniser, fonctionner dans les meilleures conditions. Je parle de revenus personnels. Je tiens ces gains que l'actuel pouvoir, au nom du libéralisme, leur permet d'empocher pour illégitimes au regard des difficultés dans lesquelles se débattent tant de nos concitoyens. Il n'est pas acceptable que le capital s'octroie une part toujours plus royale des richesses produites pour n'en concéder, avec l'aval du pouvoir, qu'une part toujours plus congrue au monde du travail.
- met en évidence la volonté de l'actuel pouvoir de protéger les fabuleux gains du monde du capital. C'est ainsi que, par application du bouclier fiscal, trente millions d'Euros ont été remboursés à Mme Bettencourt sur les sommes qu'elles avait versées au titre de l'impôt sur les revenus si bien que la contribution fiscale de celle-ci, concernant cet impôt, ne dépasse pas en pourcentage celle d'un cadre moyen, comme l'affirme sans être contredit le "Canard enchaîné".
J'ose espérer que cette affaire, porteuse de précieux enseignements, permettra de désiller les yeux de ceux qui, bien qu'appartenant au monde du travail, étaient encore abusés par l'intense propagande que déploie l'actuel pouvoir pour masquer la vraie nature des politiques qu'il conduit au service des classes dorées. On peut penser que la réforme des retraites contribuera également, tant elle est nocive pour l'ensemble des travailleurs, à cette prise de conscience.
Les organisation politiques et syndicales, en conséquence, doivent comprendre que nul moment n'est plus propice pour s'unir et élaborer, avec le concours des travailleurs et de tous ceux qui le souhaitent, un projet capable de créer un ordre politique qui ne soit pas une variante plus ou moins retouchée de l'ordre libéral, mais un ordre authentiquement nouveau débouchant sur une société à la fois plus juste, plus rassemblée, plus attentive aux exigences écologiques de notre temps.