De tout et de rien

Voici quelques notes personnelles en réaction à l'actualité et à certains événements de ma propre vie.

dimanche, janvier 19, 2003

France d'en haut et France d'en bas
J'ai relevé dans la toute récente actualité deux faits paraîssant, au premier abord, anecdotiques mais dont l'importance, à la réflexion, est plus grande qu'on ne pourrait le croire.
Le premier concerne M.Alain Juppé, ancien Premier Ministre, actuel Maire de Bordeaux et inspecteur des finances de son métier.
On vient d'apprendre qu'il vient de faire valoir ses droits à la retraite à l'âge de 57 ans.
Certes, cette décision est parfaitement légale mais elle a de quoi surprendre. M.Alain Juppé a, en effet, toujours soutenu qu'il importait d'engager sans retard une réforme de notre système de retraite sur la base, entre autres solutions, d'un départ à la retraite moins précoce.
Beaucoup de salariés craignent d'avoir à retarder l'heure de leur retraite. Ils ne partagent pas, pour la plupart, les solutions préconisées par M.Juppé mais même en faisant abstraction de ces divergences, ils ne pourront se défendre du sentiment que M.juppé entend exiger des autres des sacrifices qu'il se garde bien d'accepter au plan personnel, que ce haut personnage, loin de s'aligner sur ses propres convictions, ne met guère en accord ses paroles et ses actes.
Le second fait se rapporte au Congrès que le MEDEF vient de tenir en présence, pour partie de ses travaux, du Premier Ministre.
M.Raffarin, dans le cadre de ce Congrès, a promis au monde de l'entreprise de nouveaux allégements fiscaux, et, au nom de la décentralisation, une nouvelle approche, en matière de législation du travail, visant à substituer à la loi des contrats établis, secteur par secteur et au coup par coup, entre instances patronales et syndicales.
Prenant acte de ces propos, le président du MEDEF, le Baron Seillière, s'est félicité de ce nouvel état d'esprit et à déclaré, avec une arrogante délectation, que le Premier Ministre avait "sifflé la fin de la récréation" et qu'enfin l''heure de l'action était venue.
Beaucoup de salariés, à l'heure actuelle, travaillent dans des conditions difficiles pour des salaires très modiques. Certains d'entre eux craignent de perdre leur emploi. D'autres l'ont déjà perdu.
Ils n'apprécieront guère que l'on se permette de penser que leur comportement au travail puisse s'apparenter à celui d'enfants se dissipant paresseusement dans une cour de récréation. Je gage qu'ils sauront s'organiser, de façon très adulte, pour engager à ce propos des ripostes appropriées.
A travers ces deux faits, il n'est pas question, bien entendu, de stigmatiser l'ensemble de la classe politique ou du monde patronal.N'empêche qu'en raison de la dimension des personnages concernés, pareilles attitudes, pareils propos, tournant le dos à la recherche d'une juste cohésion sociale, ne peuvent que contribuer à creuser dangereusement le fossé séparant la France d'en haut de la France d'en bas.
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