A propos de décentralisationOn parle beaucoup, en ce moment, de décentralisation
A l'initiative du Premier Ministre, on vilipende dans son entourage le centralisme Jacobin, responsable, nous dit-on, des lenteurs administratives, étouffant l'initiative locale ou personnelle, conduisant à l'inertie et l'immobilisme. Dans le même temps, on exalte les vertus de la décentralisation. M.Raffarin, non sans imagination, peaufine des formules percutantes. Il n'hésite pas à faire tinter, à tout propos, ce doux nom de république. Il s'agit de créer une république de proximité, de rapprocher les citoyens de cette même République, de permettre aux pouvoirs locaux d'agir vite et bien, de leur permettre de dénouer promptement les problèmes, d'innover avec audace.
La décentralisation n'aurait-elle donc que des vertus?On ne saurait nier que les arguments ainsi présentés comportent une part de vérité.Cependant, la fougue du premier ministre, l'enthousiasme de ses formules ne peuvent faire oublier
qu'une décentralisation excessive peut entraîner des dangers, conduire à de dangereuses dérives.Tout d'abord, cela peut aboutir à une remise en cause de l'unité et de la cohésion nationales:-
Par l'exacerbation du sentiment régional, les régions devenant rivales, oublieuses de l'intérêt général, farouchement et égoïstement attachées à la défense de leurs seuls intérêts.
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Par la prolifération de réglementations différenciées d'une région à l'autre, d'où l'émergence d'inégalités plus ou moins profondes entre les Français, selon qu'ils habitent en tel ou tel lieu.
Certains opposants, usant d'une formulation un peu radicale, vont jusqu'a dire que l'unité nationale serait cassée et que notre pays ne serait plus qu'un conglomérat de régions disparates.
Autre danger non négligeable: un alourdissement de la fisacalité.L' état se délestant en faveur des autorités locales d'un certains nombre de tâches pourra réduire le montant des impôts nationaux. Par contre, les contribuables subiront, à coup sûr, une explosion de la fiscalité locale et il y a tout à parier qu'ils ne seront pas, dans l'affaire, gagnants.
Il est un autre sujet d'inquiétude particulièrement préoccupant. Une décentralisation abusive ne manquera pas, en effet, de favoriser une extension des pratiques de corruption, la proximité constituant un cadre dans lequel collusions et basses combinaisons de toutes sortes peuvent fleurir en toute facilité.Faudrait-il donc penser que toute décentralisation est maléfique?Pour ma part, je me garde d'une approche manichéenne de ce problème.
Je crois qu'il convient de trouver un équilibre entre centralisme et décentralisation, d'accorder une juste part à chacun des éléments de ce couple dialectique.Ce que je réprouve avec force dans la politique de décentralisation que l'actuel gouvernement entend mener, c'est, en dépit ici ou là de quelques précautions oratoires,
son caractère forcené, systématique. On repouse irraisonnablement le centralisme comme une tare qu'il faudrait éradiquer. On refuse de faire cohabiter centralisme et décentralisation.
De ce fait, comment ne pas redouter qu'une telle politique puisse conduire aux dérives évoquées plus haut.Pour conclure, je voudrais rappeler que ce problème des rapports entre l'autorité centrale et les diverses autorités locales n'est pas un phénomène propre aux sociétés modernes mais qu'il est très ancien.
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