De tout et de rien

Voici quelques notes personnelles en réaction à l'actualité et à certains événements de ma propre vie.

vendredi, mai 02, 2003

Guerre en irak

Guerre en Irak et Démocratie internationale

Colin Powell, Secrétaire d’Etat américain a, voici quelques jours, dans une déclaration fracassante proclamé que les Etats Unis prendraient des sanctions contre la France pour s’être opposée à la position américaine sur la question Irakienne.
Il a exprimé dans des termes que l’on entend guère dans la bouche d’un diplomate une tenace rancune à l’adresse de la France, n’acceptant pas que notre pays se soit prononcé contre le déclenchement d’une guerre en Irak.
Consciente, sans doute, du caractère excessif de ces propos, l’Administration Bush, très promptement, a tenté de calmer le jeu, de minimiser la portée des propos du Secrétaire d’Etat. Son porte- parole a déclaré que les Etats Unis n’entendaient pas punir la France et que celle ci, en dépit des dissensions ayant opposé les deux pays restait une alliée, ajoutant cependant que la France subirait immanquablement les conséquences de son attitude. En autres choses, il a laissé entendre que la France serait marginalisée sur la scène internationale, notamment dans le cadre de L’OTAN et qu’elle ne participerait pas ou peu à la reconstruction de l’Irak.
Que ce soit sous une forme dure par la voix de Colin Powell ou sous une forme moins radicale par celle du Porte-parole de l’Administration Bush, ces propos, loin d’être anecdotiques, sont à la fois très éclairants mais aussi fort inquiétants.
Ils expriment, tout d’abord, une arrogance étonnante.
La France et tous les pays qui ont manifesté leur opposition à cette guerre sont infantilisés, regardés comme immatures. Ils sont, en quelque sorte, traités comme des gamins turbulents et irréfléchis qu’il importe de mettre à raison par de justes punitions. Les Etats Unis, du même coup, se présentent comme une nation adulte, titulaire d’une infinie sagesse, parfaitement justifiée dans leur rôle de Magister Dixit distribuant bons et mauvais points.
Assurément, le mépris qui accompagne une telle attitude est, à la fois, injustifié et intolérable. Aucun pays, aussi puissant soit-il, ne saurait prétendre détenir le monopole de la vérité. Ce faisant, les Etats Unis se comportent de façon despotique, ne laissant aux autres pays que le droit de se conformer à leurs propres vues.
Les propos de Colin Powell, même nuancés par le porte-parole de l’Administration Bush, sont d’autant plus inquiétants qu’ils ne sont pas l’expression d’un homme isolé, peu rompu à l’exercice de la diplomatie, qui se serait abandonné à une colère mal contrôlée.
En fait, en dépit de leur maladresse, ils font écho à l’attitude du Président Bush et de son Administration sur la question
Irakienne.

Le Président des Etats Unis n’a pas hésité à déclencher une guerre illégale sans l’aval des Nations Unies, défiant, de plus, une opinion mondiale majoritairement hostile à cette guerre. Le pouvoir américain a estimé qu’il lui appartenait de définir le Bien et le Mal, de régir le droit international hors de tout débat entre les nations elles-mêmes. En d’autres termes, l’Administration
Bush s’est comportée de façon indéniablement despotique, comme s’il n’y avait de bonne et juste loi que la sienne transgressant, de la sorte, les règles les plus élémentaires de la démocratie internationale.

Fort heureusement, l’attitude de l’Administration Bush est fortement condamnée dans le monde. Aucun pays, soucieux de son indépendance ne saurait accepter d’être ainsi vassalisé. Le peuple Irakien lui-même, heureux d’être débarrassé d’un dictateur sanglant, bien que meurtri par la guerre, n’en affirme pas moins, chaque jour, son refus d’être placé sous tutelle américaine.
Pour autant, ce juste refus de subordination ne doit pas, à mon sens et où que ce soit, s’accompagner d’un sentiment anti-américain. Il serait injuste de confondre l’Administration Bush avec le peuple des Etats Unis. Beaucoup d’américains ne partagent pas les vues de leur Président, notamment dans les milieux des intellectuels et des artistes.
On peut donc espérer que la politique qui sévit actuellement aux Etats Unis sera éphémère et que les gouvernements qui succèderont à l’actuel Président adopteront une ligne plus démocratique, renonceront à ces vues hégémoniques et reconnaitront qu’à l’échelle internationale les conflits ne doivent pas être réglés unilatéralement par tel ou tel pays selon la pente de ses convictions ou de ses intérêts mais par une instance internationale comme l’ONU, seule capable de prononcer, par des voies pacifiques et démocratiques, des arbitrages respectueux de l’intérêt général. Il appartient à toutes les nations et, en particulier, aux plus puissantes d’entre elles, de respecter une telle instance et d’agir en vue d’en perfectionner le fonctionnement.
La paix dans le monde est, assurément, à ce prix.
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