De tout et de rien

Voici quelques notes personnelles en réaction à l'actualité et à certains événements de ma propre vie.

lundi, mai 26, 2008

Comment comprendre les "FIGHTS"?

LES "FIGHTS"
Il est un phénomène qui ne cesse de s'amplifier dans un certain nombre de nos villes tant et si bien qu'on peut désormais parler de fait de société.
Il s'agit des "fights".

Sous ce vocable anglais, on désigne des bagarres collectives entre bandes rivales.
Ces combats se déroulent selon des règles, obéissent en quelque sorte à une déontologie, il est vrai, souvent transgressée:On ne doit pas utiliser d'armes de quelque nature que ce soit, on ne frappe pas un adversaire à terre, on met fin au combat d'un commun accord, chaque camp doit s'occuper de ses propres blessés.
Notons encore que ces conflits ont un caractère unisexe. Ils opposent des hommes entre eux et parfois, mais beaucoup plus rarement, des femmes entre elles.

Pour autant, ces bagarres, souvent très violentes, peuvent-elles être regardées, ce qu'affirment certains, comme un simple sport de rue ou comme un sport extrême, à l'image du ski de haute montagne ou de la pratique des cascades?

Assurément non, du moins, à mes yeux. Alors pourquoi cette violence?
Les causes de telles bagarres collectives sont, nul doute, multiples mais il en est une qui, à mon sens, mérite d'être soulignée.
Ces combats me paraissent avoir un lien avec la société dans laquelle nous vivons.
Cette société, plus que jamais, sous le régime Sarkosien, est une société de plus en plus libérale, fondée sur un esprit de farouche concurrence et d'âpre rivalité.

Dans beaucoup de nos entreprises, en particulier dans les plus grosses, on exerce des pressions sur les personnels. Ces derniers sont exhortés à être toujours plus performants. On travaille avec des collègues qui cessent d'être des collègues pour devenir des rivaux. Les directions ne cessent, en effet, d'évaluer les employés, de les mettre en état de rivalité les uns envers les autres.
Ces pressions, insoutenables pour certains comme en témoignent tragiquement les suicides que l'on a pu dénombrer dans de très grandes entreprises, génèrent de la souffrance au travail mais aussi de l'agressivité.
De plus, l'injustice d'une économie libérale dont le but ultime est de faire grossir les profits du capital par une sur-exploitation des travailleurs, engendre inéluctablement de la colère qui peut déboucher sur des violences.

Aussi bien, dans un tel contexte, n'est-il sans doute pas faux de considérer que ces "fights" remplissent une fonction d'exutoire, qu'ils permettent à certains de se libérer de la violence qu'ont inscrite en eux ce détestable régime libéral,en raison d'inacceptables conditions de travail et de rémunération ou encore en raison de conditions de vie douloureuses liées au développement de la précarité et de la pauvreté ainsi qu'à la stagnation du chômage.

Les lecteurs de mon site et plus particulièrement ceux qui dans ce site prêtent attention à mon blog, n'auront pas manqué d'observer que je saisis toute occasion d'instruire le procès du libéralisme.
Aujourd'hui, à l'examen de ces "fights", je me sens plus que jamais fondé à dénoncer le libéralisme, non seulement parce que c'est un ordre injuste dur aux travailleurs mais plein de mansuétude pour les grands possédants et les nantis mais aussi parce qu'il expose notre société aux risques imprévisibles et dangereux de la violence.

jeudi, mai 22, 2008

Un bilan à fêter?

 
Un bilan à fêter?
Le 8 mai dernier, Nicolas Sarkozy entrait à L’Élysée. Pour fêter la première année de son mandat présidentiel, il a, voici quelques jours, réuni ses ministres et ses principaux collaborateurs autour d’un banquet.
De son côté, le parti majoritaire, L’UMP, a rassemblé ses cadres, hors la présence du Président de la République retenu par ce banquet, autour d’une table festive que l’on a toute raison de croire bonne.
Nicolas Sarkozy a, de plus, marqué l’événement par une intervention télévisuelle au cours de laquelle il a tiré le bilan de cette première année à la tête de l’État.

Il s’est livré, à cette occasion, à un acte de contrition qui, à mes yeux et à y regarder de près, ressemblait plus à un exercice d’auto-félicitation qu’à un acte d’humilité.
Il a, certes, admis qu’il avait commis des erreurs , qu’il n’avait, en particulier, pas assez expliqué le bien-fondé des réformes entreprises, que, de ce fait, beaucoup de nos compatriotes n’avaient pas compris la pertinente sagesse de ces dernières.
Mais, tout compte fait, il a réaffirmé l’excellence de sa politique et soutenu sans ambage qu’elle devait être poursuivie sans faiblesse.
A l’issue de cette intervention, le Premier ministre, enfonçant le clou, dans un numéro de psittacisme bien rôdé, a tenu des propos allant dans le même sens.
Bref, tout l’appareil Sarkozien, s’auto-félicitant, a glorifié la politique conduite au cours de cette première année sous l’impulsion du Président de la République.

Pour autant, la majorité de nos compatriotes ne partage pas cet optimisme. A l’épreuve du temps et des faits, ils portent désormais un jugement sévère sur cette politique. Beaucoup d’entre eux estiment qu’il n’y a vraiment pas lieu de fêter le bilan de cette première année.
En fait, le désamour qui s’installe entre l’actuel pouvoir et l’opinion publique ne résulte pas d’une défaillance pédagogique mais tient à des causes plus essentielles.

Les français, dans leur majorité, en particulier ceux qui représentent le monde du travail, aspirent, certes, à des changements mais pas à ceux que le pouvoir entend mettre en place. Ce qu’ils contestent, c’est la nature même de ces réformes qui, pour eux, se traduisent le plus souvent par des régressions et du mal vivre, alors qu’elles apportent aux tenants du capital et au nantis de nouveaux avantages et privilèges. Ils souhaitent l’avènement d’un ordre politique et social plus juste, en particulier, un autre mode de distribution des richesse produites qui soit plus équitable pour le monde du travail et moins royal pour le capital et les classes les plus favorisées.

Dans la même semaine où le pouvoir festoyait pour célébrer un bilan dont se félicite, pour parler comme M.Raffarin, la France d’en haut, la télévision, dans le cadre de l’émission « Envoyé spécial », nous a offert un reportage illustratif des effets de l’actuelle politique sur beaucoup de nos compatriotes.
Elle nous a montré des gens, toujours plus nombreux, fouillant pour survivre les poubelles de grandes enseignes de distribution. Il y avait là, nous a t-on précisé, non pas des marginaux de profession, mais des retraités ne pouvant vivre de leurs faméliques pensions, des étudiants pauvres que ne pouvaient soutenir des familles désargentées, voire même des actifs disposant d’emplois sous-rémunérés.
J’ajouterai, pour ma part, que le spectacle de cette indigence ne représente que la partie émergée et visible d’une pauvreté sans doute moins extrême, mais plus généralisée. Beaucoup de nos compatriotes, issus des classes moyennes, perdent, en effet, au fil du temps et en raison des réformes négatives de l’actuel pouvoir, la petite aisance qu’ils avaient acquise, fruit le plus souvent d’un travail assidu et d’un patient effort d’épargne.

Face à cet appauvrissement du monde du travail qui revêt parfois des formes très cruelles, la Gauche et plus largement l’ensemble du monde progressiste doit se faire un devoir de se préparer à la relève. Il lui appartient de récuser l’ordre libéral dont se réclame le pouvoir et de définir des plateformes politiques et sociales capables de conduire à l’avènement d’une société plus équitable et plus heureuse qui donne enfin au monde du travail son juste dû.

Mais j’ai pour conviction que, pour atteindre ce but, deux conditions doivent être impérativement remplies.
Il est indispensable qu’aucune des diverses composantes de la Gauche n’usurpe sa dénomination de gauche, qu’elles soient toutes authentiquement habitées par le désir, non pas d’aménager par de superficielles retouches l’ordre libéral, mais d’opérer de substantielles réformes.
Il n’est pas moins indispensable que les forces de Gauche, abandonnant leurs crispations identitaires, sachent enfin s’unir pour entreprendre, d’une même voix, une large reconquête de l’opinion publique trop longtemps abusée par un pouvoir libéral utilisant à haute dose des médias trop souvent acquis à sa cause.


C’est à ce prix, par l’union, par la volonté d’entreprendre de vrais changements que l’on pourra bâtir une société où l’on ne retrouvera pas à un bout un luxe insolent et inouï et à l’autre bout de la pauvreté, de la misère, ou, en tout cas de la précarité et de la gêne.

Ne serait-il pas grand temps qu’il n’y ait plus d’exclus au banquet de la vie ?