De tout et de rien

Voici quelques notes personnelles en réaction à l'actualité et à certains événements de ma propre vie.

mercredi, octobre 26, 2005

Catastrophes et solidarité

CATASTROPHES ET SOLIDARITÉ
Me voici de retour après une absence de cinq mois pendant laquelle, ne disposant pas d’un ordinateur connectable à Internet, je n’ai pas été en mesure d’alimenter mon Blog.
Aussi est-ce avec plaisir que je retrouve mon clavier et vous livre une nouvelle chronique.

Un certain nombre d’événements survenus au cours de ces cinq dernier mois s’attardent dans ma mémoire.
Pour moi, cette période a été marquée, en premier lieu, par plusieurs catastrophes naturelles de grave ampleur :
Deux ouragans dénommés Kratina et Rita ont dévasté la Louisiane et également sévi , bien qu’avec une moindre rigueur, dans deux états voisins : Le Mississippi et le Texas.
Un autre ouragan a balayé le Guatemala et le Salvador.
Au Pakistan, plus récemment, la terre a tremblé avec une violence inouïe.
A l’heure même où j’écris ces ligne, un cyclone appelé Wilma, après avoir frappé le Mexique avec des vents d’une très grande force, se dirige vers la Floride et la côte ouest de Cuba.
Partout où ces catastrophes se sont produites, les dégâts sont considérables, le morts et les blessés très nombreux, les survivants, en dépit des secours, sont, parfois, dans un état de dénuement extrême.
Plus près de nous, en Europe et en France même, la sécheresse a touché de nombreuses régions dans le même temps où d’autres régions étaient affectées par de fortes inondations.

D’autres événements, de nature différente, survenus au cours de cette même période ont également retenu mon attention :A Paris, de violents incendies se sont déclarés dans des hôtels insalubres, causant la mort de plusieurs personnes. Ces hôtels étaient occupés, dans des conditions effroyables, par des gens très pauvres, la majorité d’entre eux étant des émigrés. Suite à ces incendies, le gouvernement à procédé à des expulsions dans d’autres hôtels délabrés, exposés à des risques d’incendie ou d’écroulement. Mais ces opérations ont été exécutées à la hâte sans que l’on se soit assuré auparavant que les personnes expulsées puissent être convenablement relogées.
Les autorités espagnoles ont refoulé avec une grande brutalité des Africains en provenance de divers pays d’Afrique qui, fuyant la misère, voulaient gagner l’Europe, dans l’espoir d’une vie meilleure. Ces africains ont été déposés dans le désert Marocain et contraints de revenir à pied dans leur pays d’origine, parfois distants de plusieurs centaines de kilomètres. Sous la pression de vigoureuses protestations exprimées ici ou là, le gouvernement espagnol a consenti à rapatrier certains d’entre eux plus humainement en charters.
Enfin, la propagation d’une maladie mortelle pèse sur toute la planète. Il s’agit de la grippe aviaire que contractent les oiseaux porteurs d’un dangereux virus que les scientifiques ont dénommé V5n1. Des oiseaux affectés par cette maladie ont été détectés en Roumanie, en Croatie, en Turquie et en Russie. Quelques humains ont été touchés par la maladie. Il semblerait que le nombre de ces animaux ne cesse de croître. Pour l’heure, un oiseau porteur de ce virus peut contaminer d’autres oiseaux ou des humains qui l’auraient contacté. Mais les scientifiques n’ont pas caché que ce virus est appelé, en mutant, à acquérir la faculté de se transmettre par voie inter-humaine.
Les scientifiques, persuadés que s’ensuivrait alors une redoutable pandémie exhortent les responsables politiques de tous pays à prendre les mesures propres à enrayer la propagation de ce virus , à savoir entre autres dispositions:abattage de tous les oiseaux soupçonnés d’être porteurs du virus, décontamination de tous les objets que ces animaux auraient pu approcher, interdiction d’importer des oiseaux en provenance de pays affectés par le virus, recherche d’un autre vaccin que le vaccin actuellement disponible (Tamiflu) pour détruire plus efficacement le virus.
J’ai conscience que les événements qui ont retenu plus particulièrement mon attention ces cinq derniers mois présentent un caractère dramatique, voire tragique. Je ne méconnais pas que d’autres événements présentent, à l’opposé, ont un caractère plus heureux mais les événements douloureux que je viens de citer ont sollicité avec force mon attention parce qu’ ils me paraissent très éclairants, porteurs de témoignages essentiels et que, bien que dissemblables, ils peuvent nourrir une réflexion conduisant à de mêmes conclusions.

Il y a lieu, tout d’abord, de dissocier parmi les catastrophes naturelles celles qui se présentent sous la forme de tempêtes, d’ouragans ou autres désordres climatiques de celles qui se présentent sous la forme de séismes.
Dans ce dernier cas, la responsabilité humaine n’est pas directement engagée. Les tremblements de terre sont provoqués par le glissement de plaques tectoniques venant au contact d’autres plaques. L’homme n’est pas en mesure de corriger et de contrôler des phénomènes de cet ordre.
Par contre, les désordres climatiques ne sont pas totalement imputables aux colères de la nature. L’homme porte, en ce cas, une lourde responsabilité.
Les scientifiques nous ont, depuis longtemps, informé que les tempêtes, ouragans et autres cyclones sont causés, au moins pour partie, par les émissions de gaz à effet de serre que dégagent l’industrie moderne et les voitures. Ils nous ont également fait savoir qu’il existe des solutions à ce problème et que des mesures peuvent être prises parfaitement capables de réduire considérablement le volume de ces émissions de gaz à effet de serre. Ils exhortent les gouvernements nationaux à coordonner leurs efforts en vue de mettre en œuvre sans retard ces mesures.
Dans un tel contexte, il est regrettable, voire criminel, que des gouvernements nationaux trop à l’écoute de grands groupes industriels ou financiers, sacrifiant l’avenir aux intérêts du présent ou du moyen terme, ne se résignent pas à assumer les coûts d’une telle mise en œuvre. On ne peut que déplorer que les Etats unis qui sont les plus gros pollueurs de la planète refusent encore de souscrire aux accords de kyioto qui visent précisément à combattre ce type de pollution. On voudrait croire que le lourd tribut qu’ils viennent de payer aux catastrophes climatiques qui ont sévi dans plusieurs de leurs états les incitent à repenser leur politique écologique. En tout cas, ce type de pollution ne connaît pas de frontières. Il serait vain de compter sur les seuls efforts des voisins. La réussite dans ce domaine passe par la reconnaissance de la nécessité d’une pleine et entière solidarité.

Il est, certes, vrai que ces catastrophes déclenchent un mouvement de solidarité à la fois privée et publique. Ces opérations d’assistance sont louables et nécessaires. Elles allègent la souffrance des victimes. Pour autant, cette solidarité événementielle et caritative traite les conséquences des catastrophes naturelles. Elle n’agit pas sur les causes qui les génèrent. Aussi bien, la solidarité décrite plus haut, de nature politique, visant précisément à agir sur les causes à l’origine de ce type de catastrophe est-elle primordiale.

Les catastrophes naturelles que je viens de citer, le brutal refoulement à la frontière espagnole d’émigrés africains, les incendies survenus à Paris dans des hôtels-taudis sont porteurs d’un autre témoignage.
Ces événement ont mis en évidence avec un éclat tragique l’existence d’une grande pauvreté. On a pu voir à la télévision des habitants de la Louisiane, pour la plupart de race noire, vivant dans un état de dénuement inimaginable. On a également pu voir que des africains, poussés par la misère, n’hésitent pas à risquer leur vie pour rejoindre un Eldorado européen, d’ailleurs largement illusoire. On a également pu voir des familles africaines, parfois même des familles de souche française, s’entasser dans des hôtels insalubres et dangereux.
Cette extrême pauvreté frappe surtout un grand nombre de pays africains mais aussi beaucoup de pays asiatiques et plus rarement des pays Européens.
Sans doute, la pauvreté que l’on rencontre en France ou dans d’autre pays européens également réputés riches est-elle moins sévère, en raison des lois sociales existantes et bien que les deux derniers gouvernement en place dans notre pays remettent en cause beaucoup de conquêtes sociales. Il n’en reste pas moins vrai que de récentes statistiques ont montré que 6% de notre population, soit plus de trois millions de personnes, vivent au dessous du seuil de pauvreté dont un million de personnes ayant un emploi sous-rémunéré ne leur permettant pas d’échapper à la condition de SDF.

Tout cela est proprement scandaleux d’autant plus qu’il existe des solutions pour faire reculer cette pauvreté où qu’elle sévisse, quelque forme qu’elle puisse avoir, qu’elle soit extrême ou moins sévère.
Depuis de nombreuses années déjà, des voix s’élèvent pour réclamer la constitution d’un fonds monétaire international alimenté essentiellement par les pays riches dont l’objet serait d’aider les pays pauvres à exploiter plus efficacement leurs ressources, à créer chez eux de l’activité. Cela permettrait de faire reculer la pauvreté dans de nombreux pays affectés par une pauvreté endémique. De plus, cela permettrait d’enrayer des flux migratoires grossissant sans cesse, devenant de moins en moins maîtrisables par les pays d’accueil.

Dans les pays riches qui ne sont pas épargnés,pour autant, par un problème de pauvreté, la réduction de la fracture sociale passe par une modification de la distribution des richesses produites, la portion congrue étant allouée au monde du travail, le capital se réservant la part du lion.
Force est de constater que les pays riches, en dépit de discours aux accents hypocritement compassionnels, n’entendent pas renoncer à leurs orientations libérales qu’elles veulent, au contraire, faire évoluer sous des formes de plus en plus radicales génératrices de toujours plus de pauvreté, à tout le moins, de toujours plus de gêne et de précarité. Il est donc clair que pour les pays riches, le combat contre la pauvreté, que ce soit au plan international ou chez eux-mêmes, n’est pas une grande priorité.

Cette attitude contraste fortement avec le zèle dont font preuve ces mêmes pays pour combattre la propagation de la grippe aviaire. Ils se mobilisent avec une rare énergie et prennent sans retard les mesures nécessaires. Ils sont même résolus à apporter une aide financière substantielle aux pays pauvres pour les mettre en capacité de lutter avec une même efficacité contre ce fléau.

On ne saurait les en blâmer. Mais cette détermination est-elle vraiment l’expression d’une généreuse vertu ?
La pauvreté est, certes, une catastrophe mais elle est d’une autre nature que celle de la grippe aviaire. La pauvreté, en effet, n’est pas contagieuse. Par contre, la grippe aviaire ne connaît ni frontières géographiques ni frontières sociales. Elle peut frapper indistinctement riches et pauvres où que ce soit dans le monde. Faut-il voir là l’explication de la réticence des pays riches à engager un vrai combat contre la pauvreté ? Faut-il voir là l’explication de leur ardente mobilisation contre la grippe aviaire ?
À vous de juger.

Pour conclure, j’ai pour conviction que pour combattre les fléaux que je viens d’évoquer dans cette chronique, le maître mot est bien celui de solidarité. Mais ce mot recouvre une réalité assez complexe. Il me paraît donc nécessaire d’apporter ici quelques éclaircissements.
Pour moi , la solidarité se présence essentiellement sous deux formes : une forme caritative et une autre forme que, faute d’un meilleur terme, j’appellerai solidarité politique.

La solidarité caritative est souvent événementielle. Elle permet, en particulier, dans des situations d’urgence, suite par exemple à des catastrophes naturelles, d’apporter une assistance aux victimes.
Elle peut aussi s’exercer plus durablement en faveur de personnes touchées par la pauvreté, la gêne ou la précarité. Elle se manifeste sous forme privée par l’action d’associations auxquelles il faut rendre hommage, ou publique par des aides financières versées par l’État (Allocations de chômage par exemple).
Cette solidarité caritative, événementielle ou perrenne, privée ou publique, est assurément estimable. Elle permet d’alléger bien des souffrances. Pour autant, elle traite des conséquences mais n’agit pas sur des causes. De plus, elle met en situation d’obligés, d’assistés, ceux qui en bénéficient, situation que beaucoup d’entre eux éprouvent beaucoup de mal à supporter. Aussi bien ne saurait-elle suffire.
C’est pourquoi il m’apparaît essentiel de substituer, dans toute la mesure du possible, à cette solidarité caritative une solidarité politique.
Je veux dire par là qu’il importe qu’à la charité se substituent des droits, que se mette en place un ordre qui permette au monde du travail de recevoir son juste dû, qui n’accorde pas au grand capital la meilleure part des richesses produites.
Je veux donc parler d’un ordre qui s’éloigne des formule ultra-libérales que tentent d’imposer les gouvernements en place dans les pays riches, par des stratégies qui en masquent le vrai caractère.
Refusons ce monde qu’ils tentent de construire, un monde en état de guerre économique permanente, dominé par les multinationales.

Assurément, l’attitude des pays riches, souscrivant aux formules d’un libéralisme radicalisé, prônant la compétition économique, dans le cadre d’une protection de la législation du travail réduite au minimum, n’incline guère à l’optimisme.
La route sera sans doute longue et ardue avant que cette solidarité politique que j’appelle de mes vœux puisse véritablement s’installer. mais l’histoire nous enseigne, qu’en dépit de multiples vicissitudes, la justice sociale gagne sur le long terme, au prix de luttes syndicales et politiques persévérantes, toujours du terrain.
Alors, patience et courage !

Faites moi part de vos commentaires.