De tout et de rien

Voici quelques notes personnelles en réaction à l'actualité et à certains événements de ma propre vie.

dimanche, mars 06, 2011

Quelques mots sur Stéphane Hessel


Indignez vous
Stéphane Hessel
Ce fascicule, pétri d’humanité, est l’oeuvre d’un humaniste que révolte le monde actuel, pas seulement notre pays mais bien d’autres, monde cruel dans lequel des hommes exploitent et asservissent d’autres hommes.
Ce texte est un appel à combattre pour transformer ce monde et le rendre plus humain et plus juste.
Pour l’auteur avant d’engager un tel combat qu’il veut pacifique, deux conditions doivent être remplies:
  • Nous ne devons pas tenir ce monde actuel pour intangible, nous résigner. Nous devons garder intacte et vivante notre faculté de nous indigner, de dénoncer tout manquement à un devoir d’humanité universel.
  • Nous ne devons pas nous accommoder de ce monde et opter pour les formules de la débrouillardise individuelle.
L’auteur ne se présente pas comme un utopiste illuminé mais comme un homme de raison. Il souligne que ce combat portera ses fruits. Sa vision de l’histoire est résolument optimiste. Des changements, en matière de civilisation ont, au fil du temps, constitué de notables avancées qui seront suivies de bien d’autres.
Ce texte est, certes l’œuvre d’un humaniste mais aussi d’un homme qui, par ses études, a fait, comme l’on disait autrefois, ses humanités.
Il est, en effet, parcouru par une éloquence vigoureuse, très tonique, souvent fervente qui se déploie en une série de phrases d’une grande clarté s’agencant les unes les autres selon les voies d’une rigoureuse logique.
Beaucoup de lecteurs, de ce fait, ne manqueront pas de se rallier à cet appel pour un monde meilleur.
Ces quelques pages sont, assurément, un noble et bel ouvrage mais une fois saluées comme elles se doivent, elles peuvent, pour autant appeler quelques réserves de différente nature: 

Pour ma part, j’aurais aimé que l’auteur ajoute une bonne dizaine de pages supplémentaires pour préciser, même à gros traits, les orientations à définir, les politiques à conduire pour aboutir aux transformations du monde actuel. Il évoque, certes, ces dernières mais d’une façon très succincte, notant avec insistance et à juste titre, qu’elles doivent s’inspirer du programme national de la résistance. J’aurais aimé que, par l’ajout de quelques pages, il souligne la nécessité d’un autre mode de partage des richesses, d’une nouvelle fiscalité, d’une entraide internationale en faveur des pays pauvres et aussi qu’il fasse une meilleure place aux urgences de l’écologie.
Je crois que l’appel de Stéphane Hessel en aurait été renforcé.
Il est, bien entendu, souhaitable que le combat à mener soit conduit pacifiquement mais je doute que les transformations à opérer pour l’avènement d’un monde meilleur puissent, en toutes circonstances, être obtenues sans violence. Je tiens, quant à moi, pour nécessaire d’opérer une distinction entre la violence qui opprime et celle qui libère.
La réserve qui suit n’en est pas vraiment une, à savoir:
La lecture de ce petit fascicule étant achevée, j’ai éprouvé une petite déception. J’ai eu l’occasion d’entendre Stéphane Hessel à plusieurs reprises à la télévision et, par comparaison, j’ai trouvé que ses prestations parlées avaient plus de force, plus d’élan que n’en avait ce texte. Je crois en avoir trouvé la raison :
Ce petit fascicule, plus qu’un livre, est un discours. Il est fait pour être récité d’une voix claire, bien timbrée, comparable à celle de l’auteur lui-même. Un tel récitant ne devrait pas manquer de faire pleine justice à ce texte et de le charger d’un authentique souffle épique.
Entre autres conclusions possibles, je retiens volontiers que ce fascicule a été rédigé par un homme de grand âge. Sa lucidité, sa vigueur intellectuelle, sa volonté de ne pas se délier de la société, d’apporter sa contribution à l’édification d’un monde nouveau me paraissent à la fois admirables et réconfortantes pour tous ses lecteurs mais plus particulièrement pour tous ceux qui eux-mêmes avancent en âge.