De tout et de rien

Voici quelques notes personnelles en réaction à l'actualité et à certains événements de ma propre vie.

vendredi, mai 05, 2006

Le CPE:Pas une fin mais un tremplin

LE CPE

Voilà déjà plusieurs semaines que le contrat de première embauche (CPE) a été retiré. L'ardente mobilisation des opposants à ce contrat a eu enfin raison de l'obstination gouvernementale.
Les étudiants, les lycéens, les actifs mais aussi les retraités unitairement rassemblés autour de leurs organisations ont tout lieu de s'en féliciter.
Une disposition qui conférait au patronat des pouvoirs exorbitants, qui ouvrait la porte à toutes les exactions possibles et imaginables a enfin été abrogée.
Il y a, certes, matière à pavoiser. Mais passée cette période de légitime euphorie, il importe aujourd'hui, avec le recul, de porter une appréciation réfléchie sur cette victoire, d'en prendre l'exacte mesure et d'en tirer, pour l'avenir, d'utiles enseignements.
Le monde du travail a assurément tout lieu de se réjouir.
Cette victoire, tout d'abord, apporte la preuve incontestable que des luttes unitaires, bien structurées, présentées selon une claire pédagogie, peuvent infliger au pouvoir, aussi puissant et résolu soit-il, des reculs significatifs. De plus, ces luttes ont permis de mettre en évidence la vraie nature de la politique conduite par l'actuel pouvoir. Elles ont montré, avec une indéniable clarté, que le CPE mais aussi les nouvelles lois sur les retraites, le contrat de nouvelle embauche (CNE) et bien d'autre dispositions ne sont rien d'autre que les diverses expressions des orientations libérales auxquelles l'actuel pouvoir souscrit avec un acharnement qui parfois frise un aveugle fanatisme

Il s'agit d'un ordre économique dont l'objectif est d'asservir le monde du travail afin de maintenir l'actuel mode de répartition des richesses produites, une part toujours plus royale devant revenir au capital, une part toujours plus congrue devant être concédée au monde du travail. Ce dernier, fort de ces enseignements, connait désormais, mieux que jamais, la cible à laquelle il doit s'attaquer pour la juste défense de ses droits et de ses intérêts. Il lui appartient de dénoncer inlassablement cette politique libérale qui nourrit tous les mauvais coups que lui porte l'actuel pouvoir.
Le monde du travail peut, d'ailleurs, d'autant mieux mener cet indispensable décri du libéralisme que la lutte contre le CPE a permis de mettre à jour, avec plus de clarté, les manoeuvres dont use le pouvoir pour légitimer et masquer la nocivité de ses politiques libérales.
Le pouvoir présente, en effet, le libéralisme comme un ordre économique intangible, allant de soit, parfaitement incontournable. Le marché, livré sans entrave, au jeu de la libre concurrence est défini comme un phénomène inéluctable, comme l'expression la plus achevée d'un système à la fois naturel et moderne.
Bien entendu, tout ceci n'est que mystification. En fait, le libéralisme n'est qu'une adaptation du système du "Laissez faire" né en Angleterre avec la révolution industrielle, vers 1750, avant d'être étendu quelques cinquante années plus tard à la plupart des pays européens. A cette époque, comme maintenant, cette doctrine économique n'avait d'autre but que de grossir les profits patronaux. Le libéralisme n'a donc rien de moderne. Il représente, en fait, une redoutable régression.Les luttes syndicales, depuis cette époque du "Laissez faire" ont permis d'obtenir de précieux droits sociaux que l'actuel gouvernement, à la solde du MEDEF, s'efforce de remettre en cause.
Les lutte qui ont abouti au retrait du CPE ont clarifié les choses. Il deviendra, à l'avenir, plus difficile d'abuser l'opinion publique.
Pour autant, en dépit de son extrême importance, cette victoire que le monde du travail vient de remporter avec le retrait du CPE ne doit pas nous faire oublier que le pouvoir ne renonce pas à ses orientations libérales. L'édifice libéral a été ébranlé mais il n'est pas détruit. Le CNE est toujours en place, les lois sur les retraites s'appliquent, d'autres projets tout aussi nocifs sont en préparation, notamment dans le domaine éducatif pour subordonner l'école et l'université aux intérêts du grand patronat. Le mal n'est donc pas éradiqué.
Mais fort de cette victoire qu'il vient de remporter et des enseignements qu'il en a tirés, c'est avec une confiance et une détermination plus grandes que le monde du travail pourra poursuivre la lutte en vue d'obtenir ,quelle que soit la couleur des prochains gouvernements, que s'engage enfin une vraie marche vers plus de justice sociale.