De tout et de rien

Voici quelques notes personnelles en réaction à l'actualité et à certains événements de ma propre vie.

lundi, mars 17, 2008

Elections municipales et cantonales

ELECTIONS MUNICIPALES ET CANTONALES
Quelles appréciations peut-on porter sur les résultats de ces élections?
Homme de gauche mais aussi observateur de la vie politique, je me fais toujours un devoir d'être aussi objectif que possible.
Les résultats font indéniablement apparaître une incontestable poussée de la gauche qui enregistre un gain de 9 départements et celui d'une quarantaine de villes de moyenne ou grande importance telles Toulouse, Strasbourg, saint-Etienne, Amiens etc.
S'abandonnant,dans l'euphorie du moment, à un enthousiasme compréhensif certains commentateurs ou journalistes de gauche ont parlé de déferlante, de vague rose, voire de raclée pour l'adversaire.
A l'inverse, à droite, on s'efforce de minimiser la défaite. On tente, en particulier,de nier l'incidence de la politique nationale sur les résultats. On en vient même, par la voix du Premier Ministre, à verser dans l'illogisme le plus complet et à prononcer de grossières contre-vérités. Ce dernier n'hésite pas, en effet, à affirmer que le recul de la droite tient à l'impatience de beaucoup d'électeurs qui, jugeant bonnes les réformes entreprises, reprochent au gouvernement de ne pas accélérer leur mise en oeuvre.
En fait, beaucoup de nos compatriotes attendent, certes, des réformes mais pas celles que le gouvernement leur propose. Ce qu'ils contestent, c'est la nature même des réformes gouvernementales qui, pour eux, se traduisent négativement par des conditions de vie douloureusement dégradées.

Pour ma part, je ne souscris pas à l'optimisme excessif d'un certain nombre de commentateurs de gauche et encore moins aux maquillages de la vérité auxquels se livrent beaucoup de responsables politiques de droite.
A mes yeux, la portée du succès de la gauche et son sens doivent être appréciés objectivement à la lumière de deux données incontournables et significatives:

- Le pourcentage de voix nationalement obtenues par la gauche et la droite qui est respectivement de 49% et 47,5%.
- Le taux d'abstention qui est historiquement très élevé puiqu'il se situe aux alentours de 38%.


On observe donc, à l'examen de la première donnée, que le rapport de force entre la droite et la gauche est beaucoup plus équilibré qu'on pourrait le croire. Les gains réalisés par la gauche, en matière de viles ou de départements ayant basculé à gauche, masquent l'écart relativement court existant entre les deux parties.
Il y a, d'ailleurs là, un phénomène étonnant. Les conditions étaient, me semble-t-il, réunies pour que la droite subisse une cuisante défaite.
La politique conduite sous le régime sarkozien,célébrée par les médias,avait pendant 6 mois environ recueilli les faveurs de la majorité des français. Mais, à l'épreuve des faits, son vrai visage était apparu. D'inspiration libérale, attachée à la promotion des intérêts des grandes compagnies capitalistes et des classes favorisées, accablant le monde du travail et celui des retraités,elle suscitait et continue de susciter un profond mécontentement chez un nombre grandissant de nos compatriotes.

Le caractère trop modeste à mon goût de la victoire de la gauche traduit, me semble-t-il, un déficit de confiance d'un nombre appréciable de gens de gauche à l'égard d'une gauche qui les déçoit.
Cela explique le niveau très élevé de l'abstention pour les deux scrutins qui viennent de se dérouler. On peut admettre que cette abstention a été pour partie alimentée par des électeurs de droite que la politique sarkozienne n'a pas épargnés mais qui, pour autant, n'ont pu se résoudre à opérer une conversion à gauche. Il me paraît, cependant, plus logique de considérer que cette abstention a surtout été nourrie par des gens de gauche qui estiment que la gauche, telle qu'elle est présentement, ne peut pas répondre, à beaucoup près, à leurs attentes.
Leur désenchantement, les désillusions qu'ils éprouvent tiennent à deux causes essentielles:la désunion de la gauche et son ambiguité en raison des attaches libérales d'une partie des ses composantes.
Une fois de plus, on a vu la LCR, Lutte Ouvrière, les Verts faire cavaliers seuls, pour telle ou telle raison. Des membres du parti socialiste, en plus d'une occasion, se sont éparpillés, dans le cadre d'une même ville, sur des listes différentes. Parfois même, des listes dites de gauche se sont ouvertes à des éléments de droite.
De plus, l'acceptation par le parti socialiste et par les Verts du traité constitutionnel européen dit simplifié, même si cette décision à l'intérieur de ces deux partis est contestée par nombre de leurs adhérents, confère à ces partis et, par ricochet, à la gauche toute entière une certaine ambiguité. Ce traité, frère jumeau du projet de traité européen que les français avaient repoussé en 2005, par voie référendaire, reste un traité ultra-libéral qui fera la part belle au capital européen mais ne manquera pas d'infliger de redoutables reculs au monde du travail.
De ce fait, un nombre non négligeable de nos compatriotes, bien qu'autenthiquement de gauche, en viennent à douter de la gauche, lui retirent leur confiance, estimant que la gauche au pouvoir n'apporterait pas de changements décisifs, qu'en particulier, elle ne modifierait pas grandement le mode de répartition des richesses produites.

Aussi bien, à l'issue de ces élections municipales et cantonales,me paraît-il urgent que les diverses composantes de la gauche engagent d'incontournables évolutions pour regagner la confiance de la majorité de nos compatriotes.
Il me semble indispensable que la gauche anti-libérale entreprenne une démarche d'union en son propre sein et non moins indispensable que les Verts et surtout le parti socialiste qui reste le pivot de la gauche se délient de leurs attaches libérales.
C'est à ce prix que pourra alors être entamée une marche vers une société socialement plus juste, plus rassembée, plus solidaire, plus attentive à l'exigence écologique et, pour tout dire, plus heureuse.