De tout et de rien

Voici quelques notes personnelles en réaction à l'actualité et à certains événements de ma propre vie.

vendredi, mars 13, 2015


QUELLES PERSPECTIVES SUITE AUX ATTENTATS DE JANVIER 2015 ?

L’année 2015 s’est tristement ouverte sur deux tragédies.

Le 7 janvier, deux attentats sanglants ont été perpétrés, sous forme concertée, à la même heure, en deux endroits différents par des djihadistes.

Ce jour-là, deux hommes abattent un gendarme en charge de la surveillance de Charlie Hebdo, journal satirique bien connu. Ils pénètrent ensuite dans la salle de rédaction, font connaitre brièvement qu’ils agissent pour venger le prophète Mahomet que leur journal a ridiculisé par des caricatures impies, font immédiatement feu, tuant douze journalistes dont plusieurs dessinateurs, blessant, de plus, onze autre personnes. Ils seront identifiés peu de temps après comme étant les frères Kouachi, trouveront refuge dans une imprimerie et après un échange de coups de feu seront abattus par les forces de l’ordre.

Ce même jour, à la même heure, un autre djihadiste, nommé Coulibaly, retient en otage plusieurs personnes dans une épicerie karcher à Vincennes. Il tue quatre d’entre eux avant d’être, à son tour, abattu par les forces de l’ordre.

Quelques jours plus tard, le 11 janvier, partout en France, des manifestations sont organisées, rassemblant des foules immenses parmi lesquelles on note la présence de quelques compatriotes de confession musulmane dont les instances représentatives ont condamné très clairement ces attentats.

Ces tragiques événements ont en cela démontré que notre peuple, dans toutes ses composantes, avait de la résilience, qu’il pouvait se lever pour défendre le droit d’expression, la démocratie, les valeurs de la laïcité, la tolérance, pour refuser le fanatisme, le racisme sous toutes ses formes, dont, en particulier, l’antisémitisme et le racisme anti-arabe et antimusulman.

Ces événement ont également démontré que notre peuple avait du discernement, de la sagesse, qu’il s’était gardé de verser dans un amalgame consistant à croire que tous les français de confession musulmane étaient à l’image des fanatiques ayant perpétré ces attentats.

Alors pourquoi notre peuple ne pourrait-il pas se lever pour combattre un capitalisme toujours plus avide de profits, toujours plus résolu à ne concéder au monde du travail qu’une mince part des richesses produites, ne prêtant qu’une maigre attention aux exigences de l’écologie, vouant un nombre toujours plus grand de travailleurs au chômage, à la gêne financière, parfois même à une misère plus ou moins profonde?

Pour ma part, je pense qu’une telle éventualité qui peut paraître utopique est possible à une échéance qu’on ne peut guère préciser et sous réserve que certaines stratégies soient mises en œuvre sans retard et avec une grande détermination.

Il importe, tout d’abord, de construire une authentique force de gauche, capable d’accéder au pouvoir.

Cette force existe déjà mais encore un peu à l’état d’ébauche avec le Front de Gauche qui, il faut bien le reconnaître, éprouve beaucoup de difficulté pour décoller. Elle se présente essentiellement, pour l’heure, sous la forme d’un cartel de partis politiques dont le PCF, le Parti de Gauche et le NPA, confortée utilement mais insuffisamment par quelques associations et quelques adhésions individuelles hors toute appartenance à un parti politique. Il est indispensable que ce Front de Gauche  s’élargisse, opère une conversion pour devenir un grand rassemblement populaire.

Pour cela, il lui faudra convaincre le parti des Verts qu’une active politique écologique ne peut se déployer que dans un cadre de gauche authentique et qu’en conséquence il a toute sa place dans le Front de Gauche.

Il lui faudra aussi contracter des alliances avec ceux des syndicats qui considèrent avec lucidité que le sort du monde du travail dépend, pour une large part, de la nature politique du pouvoir en place et qui font, avec le Front de Gauche, le constat que le parti socialiste actuellement au pouvoir ne peut plus être considéré comme un parti de gauche, en raison de ses options parfois très droitières. Autrement dit, il s’agit d’obtenir de ces syndicats qu’ils soutiennent le Front de Gauche sans pour autant perdre leur pleine autonomie.

La même démarche devra être entreprise auprès de nouvelles association ainsi qu’auprès de nos compatriotes qui, habituellement, votaient pour le parti socialiste mais qui déçus par la politique droitière qu’il mène, se réfugient dans l’abstention, voire  peuvent être tentés par un vote FN.

Il doit être clair aussi, qu’à l’occasion des diverses échéances électorales, sauf à évincer le FN, le Front de Gauche élargi, selon les indications énoncées plus avant, ne doit contracter aucune alliance avec le parti socialiste, faute de quoi son message serait brouillé, beaucoup d’électeurs considérant alors que le Front de Gauche avalise la politique droitière du parti socialiste. Serait alors reconduit le schéma qui alimente l’abstention ou le recours au FN.

Par contre, le Front de Gauche devra se montrer fraternel envers les frondeurs du Parti Socialiste, y compris à l’occasion de certaines échéances électorales, admettre, par exemple,  qu’ils pourraient figurer sur les listes du Front de Gauche, en se déclarant toujours socialistes mais en faisant savoir publiquement qu’ils récusent les politiques gouvernementales conduites par leur parti.

Il importe aussi qu’un Front de Gauche élargi à la dimension d’un mouvement populaire s’emploie à définir clairement ses objectifs en vue de servir au mieux les intérêts du monde du travail que le pouvoir en place malmène trop souvent sans vergogne. Je suis, à ce propos, tenté de dire que le Front de Gauche doit avoir pour objectif de faire tout ce que l’on attendait de François Hollande après son discours du Bourget avant qu’il ne se déjuge.
Avant d'énumérer ces objectifs, je tiens à souligner que je trouve opportun la création par le Front de Gauche d'un mouvement pour une sixième république, cette nouvelle république devant reposer sur une nouvelle constitution qui, au contraire de la précédente ne sera nullement monarchique mais visera à rendre le peuple pleinement souverain, à lui restituer le pouvoir que l'oligarchie capitaliste avait confisqué. 

Vous trouverez ci-dessous certains éléments constitutifs d’une stratégie qui, à quelques nuances près, est celle du Front de Gauche. Voilà, à l’inverse des politiques actuellement menées par le pouvoir socialiste, ce qu’à mes yeux,  il faudrait faire :

-          Modifier le mode de répartition des richesses créées, faire en sorte qu’il soit moins scandaleusement prodigue en faveur du capital et des classes dorées, moins scandaleusement congru envers le monde du travail. Cela veut dire des salaires en hausse, en particulier pour les plus bas d’entre eux, des retraites augmentées, en particulier, pour les plus petites d’entre elles. Ainsi pourra-t-on stimuler la croissance et retrouver le chemin d’une saine prospérité. Tout ceci est possible car ce qui entrave notre économie, ce n’est pas le coût du travail mais celui du capital.

-          Réviser, en conséquence, à la baisse les généreux dividendes accordés, non pas aux petits épargnants, mais aux gros actionnaires. Dans le même esprit, supprimer les stock-options, retraites chapeaux ou autres avantages consentis aux cadres supérieurs des grosses entreprises tel ce cadeau de bienvenue de 4 millions d’euros offert tau nouveau PDG de Sanofil.

-          Réformer la fiscalité sur les revenus par une augmentation du nombre des tranches fiscales de façon à rendre cet impôt plus progressif, avec une dernière tranche fiscale où les gains dépassant un certain seuil  à fixer, seront frappés d’une imposition égale à ou proche de 100%.

-          Entreprendre une lutte efficace contre la fraude fiscale, notamment la fraude fiscale patronale dont il vient d’être révélé qu’elle était souvent fort bien organisée et d’une ampleur considérable

-          En matière de santé, supprimer la pratique des dépassements d’honoraires, revoir à la hausse le numerus clausus de façon à former les médecins dont nous avons besoin et en finir avec les délais excessifs pour l’obtention d’un rendez-vous auprès de certains spécialistes, faire obligation aux jeunes médecins, en échange de certains avantages, d’exercer pendant une certaine durée en zone rurale pour mettre fin à des déserts médicaux.

-          Mettre en œuvre une politique écologique active :

 Dans le domaine des transports, privilégier le rail plutôt que la route pour le transport des marchandises, inciter nos compatriotes à utiliser dans les villes des véhicules publics plutôt que leur voiture.

Développer l’emploi d’énergies propres et durables, l’énergie solaire, celle des vents et surtout celle que peut nous apporter la mer.

-          Dans le domaine de l’éducation, les mesures à prendre découlent d’un incontestable constat. Les élèves ne se présentent pas à l’école primaire, puis au collège avec des chances égales de réussite. Ceux qui éprouvent des difficultés, qui décrochent et quittent l’école sans diplôme appartiennent le plus souvent aux classes défavorisées.  Des mesures de soutien en leur faveur doivent être mises en place, dont la nature devra être étudiée avec un plus large concours des enseignants de terrain.

 

Cette liste de mesures n’est nullement exhaustive. D’autres mesures devront être prises dans bien d’autres domaines mais il n’est pas possible dans le cadre d’un tel article d’aller plus avant. On peut cependant, à leur lecture, comprendre l’esprit dont elles procèdent. De nature anticapitaliste, elles composent un programme porteur de deux axes essentiels : l’axe écologique et l’axe social. Elles visent à rendre notre planète sainement habitable, à éviter des catastrophes écologiques parfaitement prévisibles. Elles visent aussi à apporter des réponses crédibles sur le terrain économique et social. Il faut aussi garder à l’esprit qu’elles ne peuvent être mises en œuvre, que si une force authentiquement de gauche parvient à se constituer pour accéder à la conquête du pouvoir.

Je ne me berce pas d’illusions. Je pressens que le chemin vers de tels objectifs  sera sans doute long et difficile face à un capitalisme puissant et bien organisé. Pour autant, l’exemple de mouvements populaires comme Syriza en Grèce et Podomos en Espagne, en dépit de la fragilité de leurs acquis, prouve que toute utopie peut devenir réalité.

J'ai la conviction que la ténacité, la recherche de larges unions, l’engagement de luttes persévérantes peuvent ouvrir la marche, en France comme ailleurs, vers la construction de sociétés plus intelligentes, plus égales, plus fraternelles, plus humaines, en un mot, plus heureuses.