De tout et de rien

Voici quelques notes personnelles en réaction à l'actualité et à certains événements de ma propre vie.

samedi, octobre 25, 2008

Que retenir de la crise boursière?

La débâcle boursière
Voici près d’un mois qu’un grand nombre de pays, dont les plus riches, vivent sous le coup d’une effarante débâcle boursière.
De jour en jour, les cours ont baissé, des banques ont déposé leur bilan, d’autres se sont retrouvées au bord de la faillite.
Parti des États Unis, le phénomène par voie de contagion s’est étendu à l’Europe et à l’Asie.
Face à l’inquiétude et à la colère des épargnants, les gouvernements concernés ont réagi en toute hâte pour tenter de conjurer une panique qui menaçait de prendre de l’ampleur. Les gouvernements concernés se sont réunis à plusieurs reprises.
A l’issue de ces réunions, ils ont décidé de renflouer les banques en déconfiture en injectant dans celles-ci de gros volumes d’argent public.
Par ailleurs, certains d’entre eux, à l’image de la France, ont également décidé de se porter garant des banques .
Pour nous en tenir à notre pays, Le Président de la République a débloqué 40 milliards pour secourir les banques défaillantes et porté à 320 milliards le montant de cette caution.
Outre les solutions ainsi arrêtées, ces mêmes gouvernements ont, par voie de concertation, mis au point un discours commun en vue d’expliquer la nature de cette crise boursière dans l’espoir de rassurer leurs compatriotes, de s’exonérer de toute responsabilité et de ne pas compromettre leur propre avenir.

A les croire, cette déroute boursière n’est pas l’expression de la faillite du capitalisme. Elle n’a pour cause que quelques dérives de ce système qu’il faudrait, par contre, corriger au plus vite. Les banques, daignent-ils reconnaître, n’auraient pas du se livrer à des spéculations hasardeuses avec l’argent de leurs clients. Pour un peu, il n’y aurait là qu’un épiphénomène qui ne saurait disqualifier le capitalisme, régime dans lequel ils ont renouvelé haut et fort une foi indéfectible. L’introduction de quelques règles dans le système bancaire suffiraient, affirment-ils, pour que tout rendre dans l’ordre à plus ou moins longue échéance.

Cette crise boursière, les solutions officielles, les explications données, le comportement des chefs d’état, celui du Président français en particulier, ne peuvent manquer d’interpeller un grand nombre de citoyens où qu’ils puissent vivre.
Observateur de longue date de la vie politique, je vous propose une modeste contribution à cet incontournable débat.


Les remarques qui vont suivre se rapportent à la France mais, dans leur esprit, elles pourraient s’appliquer à la plupart des pays touchés par la crise boursière :

 On relève, tout d’abord, des contradictions flagrantes dans le comportement de l’actuel pouvoir :
Il paraît curieux que la France dont les caisses étaient vides, il a quelques mois, aux dires mêmes du Président de la République, puisse soudain dénicher la bagatelle de 40 milliards d’Euros pour venir au secours des banques. Il n’est pas moins curieux que notre pays déclaré en faillite, à la même époque, par le Premier Ministre puisse non moins soudainement retrouver assez de solvabilité pour se porter garant à la vertigineuse hauteur de 320 milliards d’Euros en faveur de ces mêmes banques.
Il y a là un mystère qu’on ne saurait résoudre à moins de penser que l’actuel pouvoir avance l’argument de l’impécuniosité pour repousser les justes demandes du monde du travail ou pour conduire une vraie politique de justice sociale mais qu’il prête une oreille complaisamment attentive aux appels du capital en faveur duquel il se montre tout à fait capable d’accomplir des miracles.


- Restons sur ce terrain des contradictions pour remarquer que les propos du Président de la République selon lesquels aucun épargnant ne perdrait un seul Euro suite à la crise boursière paraissent quelque peu risqués.
Je concède que les mesures prises ont permis aux cours boursiers de se redresser quelque peu mais ce rebond n’est en rien décisif. Il est, pour l’heure et sans doute pour longtemps, incertain, chaotique, susceptible de rechutes et je doute qu’on puisse retrouver un jour le niveau que beaucoup d’actions avaient avant la crise. Il est, au contraire, fort à craindre que beaucoup d’actions ne soient à jamais plus ou moins dépréciées. Les petits actionnaires dont les banques ont joué les dépôts sur l’autel du profit subiront, plus que tous autres, de douloureux dommages.

- Par ailleurs, l’analyse officielle, vigoureusement soutenue par Nicolas Sarkozy, selon laquelle la crise boursière ne mettrait pas en cause le régime capitaliste mais serait imputable à une fâcheuse dérive de ce dernier dans le seul domaine de l’activité boursière est, à mes yeux, tout à fait fausse.
J’ai, au contraire, la conviction que cette crise boursière est l’une des expressions de la faillite du capitalisme. Elle découle tout naturellement de la nature, de la philosophie d’un régime qui a pour vocation première de permettre à l’économie, dans tous les secteurs, de se déployer sans contrainte, hors toute réglementation selon la seule recherche du profit. Il va de soi que dans un tel contexte les banques avaient tout loisir de verser dans les spéculations les plus effrénées.
Le Président de la République dit vouloir moraliser le capitalisme, soumettre le secteur bancaire à des règles, lui interdire le recours à des spéculations hasardeuses. On voudrait le croire, mais d’une part, il n’entend pas soumettre, semble-t-il, les autres secteurs de l’activité à des règles et d’autre part il paraît difficile de prêter foi à son discours alors que, dès son avènement à l’Élysée, il s’est employé à délier, au maximum, le capitalisme des obligations que les luttes syndicales et politiques lui avait imposées par la mise en place d’une législation protectrice du monde du travail.
On peut donc craindre, à bon droit, que ces intentions apparemment louables ne débouchent pas sur des lois véritablement contraignantes mais sur quelque code de bonne conduite que Madame Parisot, la patronne du Medef appelle, d’ailleurs, de ses voeux, code que l’on respectera sans doute quelque temps mais que l’on oubliera bien vite.
 Il me semble également important de pointer dans le discours que tient la droite au pouvoir un élément qui relève de la supercherie.
On utilise la crise financière comme excuse aux piètres performances de l’actuel pouvoir dans le domaine économique. Depuis plusieurs mois, en effet, nous connaissons une récession que les propos, longtemps abusivement optimistes de notre Ministre de l’économie, Madame Lagarde, ne peuvent plus aujourd’hui masquer. Mais cette crise économique qu’attestent une croissance en berne, une remontée du chômage, un abaissement du pouvoir d’achat de beaucoup de nos compatriotes, une situation de gêne voire de dénuement pour certains d’entre eux, est survenue bien avant que n’explose la bulle boursière. Certes, la crise financière aura une incidence sur la crise économique que, sans nul doute, elle aggravera, mais elle n’est pas à son origine. La cause première de la crise économique que nous connaissons, est imputable à un capitalisme que le régime sarkozien a porté, sous sa forme contemporaine, le libéralisme, à ses bornes les plus extrêmes.
Le capitalisme, avons nous déjà souligné, repose sur une économie libérée autant que peut se faire de toute contrainte mais aussi, par voie de conséquence, sur l’exploitation du monde du travail par le capital. Cela se traduit par un mode de répartition des richesses produites plus que jamais injuste, le capitalisme s’octroyant une part de plus en plus royale de ces richesses mais n’en concédant au monde du travail qu’une portion de plus en plus maigre.
Il s’ensuit que nos compatriotes, disposant d’un pouvoir d‘achat en recul, limitent leurs achats, d’où un essoufflement de l’économie en un premier temps, puis une récession plus sévère mettant déjà en péril nombre de nos entreprises, le capital lui-même se mettant ainsi en danger.

Nicolas Sarkozy, en faisant le constat , a d’ailleurs décidé de mettre en route un train de mesures en vue d’assister les entreprises touchées par la crise économique. Nul doute que de nouvelles largesses vont leur être accordées. Mais ce n’est pas la meilleure manière de leur venir en aide. Ce dont elles souffrent le plus, c’est d’une raréfaction de la clientèle en raison de l’abaissement du pouvoir d’achat, notamment celui des salariés et des retraités. Il vaudrait assurément mieux conduire des politiques visant à élever les revenus de ces catégories, visant aussi à revenir au plein emploi, ceci dans l’intérêt même des entreprises.

Les réflexions que je viens de présenter ne sont, bien entendu, nullement exhaustives. Elles n’épuisent pas tous les aspects de la crise boursière non plus que tous les tenants et aboutissants qui s’y rattachent mais elles en montrent les aspects essentiels. Elles se veulent pédagogiques. J’entends par là qu’elles s’adressent à tout le monde y compris à des publics peu versés en science économique dont le jargon souvent abstrus les rebute à juste titre.

Telles quelles, en tout cas, elles me conduisent à des conclusions qui me paraissent incontournables: La crise boursière n’est pas une dérive du capitalisme. Elle est consubstantielle à ce régime. Elle en illustre la nocivité. Elle en démontre aussi la fragilité. Le capitalisme, en effet, n’est en rien un régime immuable. Il est possible de lui substituer un autre ordre politique, social et économique.
La crise boursière devrait inciter les composantes de la gauche française qui croient encore aux vertus du libéralisme à se délier de ce type de régime. Il serait vain de ne pas déjouer le piège d’une propagande que les zélateurs du capitalisme s’emploient à développer, à savoir que le capitalisme, malgré quelques défauts, est le meilleur régime et que, de plus, il peut parfaitement être amendé de telle sorte qu’il pourrait recevoir dans un avenir proche une adhésion quasi unanime.
- Il est urgent, face aux nouvelles souffrances que la conjonction de la crise boursière et de la crise économique va engendrer pour le monde du travail et plus particulièrement pour les couches les plus modestes de notre pays, que les diverses composantes du mouvement progressiste, oublieuses de leurs divergences, sachent s’unir pour s’opposer aux entreprises destructrices du pouvoir sarkozien.
- Par ailleurs, ces crises ne sont pas seulement nationales mais mondiales. Aux quatre coins de notre planète, le capitalisme sévit avec une cruauté qui ne cesse de s’affirmer. Aussi est-il non moins urgent que le mouvement progressiste s’internationalise afin de lutter avec plus d’efficacité contre un capitalisme qui, lui, sait s’unir lorsque l’occasion l’exige.

En guise d’épilogue, je réaffirme que c’est par la voie de l’union et par elle seule, contractée sous une forme toujours plus large, en dernière analyse mondiale, que le mouvement progressiste avec toutes ses composantes pourra mettre en marche un nouvel ordre politique, social, économique dont la vocation ne sera plus la recherche du profit mais la construction de sociétés plus solidaires, plus égalitaires, plus écologiques.
Au moment où le capitalisme, sous sa forme contemporaine, le libéralisme, asservit tant de populations, où il maintient près de 900 millions d’êtres humains en état de famine et de malnutrition, où il n’offre d’autre solution au problème des migrations que celle de l’expulsion, où il pille la planète, la pollue et la livre à de prochains désastres, le temps presse et fait un devoir à tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté, épris de justice, d’agir sans retard et avec force.