De tout et de rien

Voici quelques notes personnelles en réaction à l'actualité et à certains événements de ma propre vie.

lundi, mai 02, 2005

A propos du traité constitutionnel




A propos du traité constitutionnel: Peur et Logique

Voilà 10 ans que Jacques Chirac est à la tête de l'état.
Dans un sondage paru hier, les français appelés à porter un jugement sur son action, se montrent sévères à son égard, en particulier sur son bilan social. Pour 63% d'entre eux ce bilan est négatif, 28% seulement le déclarant positif.
Observons tout d'abord que la politique inspirée par le Président Chirac durant cette décennie a subi une inflexion de plus en plus libérale, en particulier au cours de ces trois dernières années avec l'avènement de Jean Pierre Raffarin comme Premier Ministre,
Par ce sondage, c'est donc cette politique libérale qu'ils condamnent sans appel.
Refusant une France libérale, il serait logique que les français refusent du même coup une Europe encore plus libérale en votant massivement non à la prochaine élection sur le traité constitutionnel.
Ce traité est certes peu démocratique, aucun changement ne pouvant lui être apporté, en raison de la règle de l'unanimité. Le traité stipule, en effet, que tout changement constitutionnel doit être soumis à l'approbation unanime des vingt cinq pays membres de l'union Européenne, condition quasiment irréalisable. Mais aussi et non moins grave, il est d'inspiration ultra-libérale.
D'un bout à l'autre du texte, il glorifie l'ultra-libéralisme présenté comme la valeur suprême.
Les français, au terme de la décennie chiraquienne, connaissent les dégâts sociaux qu'entraîne l'application d'un ordre économique libéral.

On peut donc, effectivement, se demander pourquoi les sondages sur le prochain scrutin ne sont pas plus décisifs en faveur du non.
A mes yeux et pour l'essentiel, la raison en est que les partisans du non masquent le caractère ultra-libéral du traité et tentent de créer, par une propagande qui accapare d'injuste façon les médias (1), une grande peur en s'efforçant de faire croire que le non au referendum isolerait la France, entraînerait son déclin et condamnerait l'Europe à jamais.
Pour moi, tout au contraire, la victoire du non au referendum créerait un sursaut salutaire, marquerait dans les esprits, non seulement en France mais encore chez nos partenaires européens, l'idée qu'on peut construire une autre Europe. Le non conduirait à une renégociation du traité sur la base d'orientations plus sociales, plus démocratiques, plus conformes aux intérêts du monde du travail de même qu'à l'intérêt général.
Espérons que les français sauront déjouer ce piège de la peur, qu'ils s'engageront dans la voie de la logique et qu'après avoir exprimé par ce sondage leur refus d'une France libérale, ils sauront refuser, par le vote du 29 mai prochain, une Europe ultra-libérale.
En rendant ainsi possible la construction d'une Europe plus démocratique, plus juste socialement, plus rassemblée, ils ouvriraient les portes d'une grande espérance. Le prestige de la France qui serait à l'initiative de ces changements ne pourrait que s'en trouver grandi.

(1) Voir à ce sujet mon message précédent
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