De tout et de rien

Voici quelques notes personnelles en réaction à l'actualité et à certains événements de ma propre vie.

mercredi, novembre 12, 2003

Canicule

Canicule - Personnes âgées - Politique

Une absence de près de 5 mois m'a tenu éloigné de mon domicile à compter du début mai 2003. Durant cette période, je n'ai pu disposer que d'un portable trop ancien pour me connecter à Internet. Je n'ai donc pas pu alimenter mon Weblog.
De retour chez moi, je retrouve mon ordinateur de bureau et c'est avec plaisir que je rédige aujourd'hui ce petit article intitulé " Canicule-Personnes âgées- Politique" qui viendra grossir mon Weblog.

La canicule, en effet, a été l'événement le plus marquant de cet été 2003.
Elle a entraîné une forte mortalité chez les personnes âgées. On estime qu'elle a provoqué environ 15000 morts.
Faut-il voir dans cette catastrophe sanitaire l'expression d'une fatalité climatique face à laquelle nous serions impuissants? Faut-il ne blâmer que le ciel et lui seul?
Assurément non.
Notons, tout d'abord, que l'actuel gouvernement a tardé à réagir, à mettre en place le plan d'urgence que réclamaient avec beaucoup d'insistance les médecins urgentistes.
De plus, l' insuffisance des dotations en personnels et en équipements de beaucoup d'hôpitaux et maisons de retraites, mise en évidence par la canicule, ont largement contribué à ce désastre sanitaire.
Il serait ,d'ailleurs, injuste de faire reposer la responsabilité? de ces carences sur le seul gouvernement actuellement en place. Les gouvernements précédents ont, eux aussi, sous-estimé les besoins des personnes âgées en matière de santé. Eux aussi ont fermé des lits dans de nombreux hôpitaux et maisons de retraite. Eux aussi ont abaissé le montant des crédits accordés ? ces établissements.
Il n'empêche que cette politique restrictive a été singulièrement aggravée par l'actuel pouvoir.

Celui-ci ne s'est pas contenté de poursuivre la fermeture de lits hospitaliers. Il a, de plus et entre autres choses, réduit le nombre des structures hospitalières de proximité et abaissé notablement le montant des prestations servies aux nouveaux bénéficiaires de l'APA, privant ainsi beaucoup de ceux-ci de la possibilité de disposer
d'une partie des soins ou des services que nécessiterait leur état.
Enfin et surtout, il s'est refusé à conduire une politique de plus grande justice sociale et fiscale qui aurait permis, par la stimulation d'une économie aujourd'hui chancelante et par des contributions fiscales plus substantielles en provenance du grand patronat et des classes dorées, d'engranger les recettes nécessaires à la mise en oeuvre d'une ambitieuse politique en faveur des personnes âgées.
A l'inverse, l'actuel pouvoir s'est employé à sauvegarder les intérêts de la France d'en haut.
Il a accordé de généreuses exonérations au grand patronat, réduit l'impôt sur la grande fortune, première étape vers la suppression de celui-ci, allégé l'impôt sur les revenus selon un pourcentage unique si bien que le cadeau fiscal est d'autant plus gros que les revenus des intéressés sont élevés.
Ainsi donc, sans méconnaitre que la responsabilité de cette catastrophe sanitaire doit être partagée par tous les gouvernements qui se sont succédé depuis vingt ans, on ne aurait nier que la responsabilité de l'actuel gouvernement est particulièrement lourde.
Le gouvernement s'inquiète, d'ailleurs, des critiques qu'un nombre croissant de français porte contre sa gestion de la crise sanitaire de cet été mais aussi contre la politique économique qu'il mène, politique plus favorable aux intérêts de la France d'en haut que de ceux de la France d'en bas.
C'est pourquoi Le Premier Ministre, préoccupé de sa chute dans les sondages, a annoncé, voici quelques jours, un plan d'aide aux personnes âgées. Ce plan est destiné à renforcer l'aide à domicile et l'accueil en établissement des personnes âgées dépendantes.
Pour financer ce plan, il demande aux français de travailler un jour de plus en renonçant au Lundi de Pentecôte dans la Fonction publique ou à un autre jour férié
ou de RTT dans le privé.

A première vue, cette décision peut paraître généreuse et séduisante. On répugne, en un premier mouvement, à ne pas répondre à cet appel à la solidarité.
Pourquoi, dès lors, ce plan soulève-t-il plus de scepticisme et de critiques que d'enthousiasme?
Deux raisons majeures me semblent susceptibles d'éclairer la réaction de beaucoup de nos compatriotes.
A l'instar des professionnels de la santé, ils estiment que ce plan est notoirement insuffisant, que les mesures envisagées ne sont pas de nature à améliorer grandement le sort des personnes âgées. De plus, ils jugent, non sans quelque raison, que lorsqu'il s'agit de sacrifices, on fait toujours appel , en priorité, au monde du travail et singulièrement aux salariés.
Il va de soi que si cet appel s'était inscrit dans un contexte de plus grande justice sociale, il aurait été mieux entendu.
Tel n'étant pas ? l'évidence le cas, il n'y a pas lieu de s'étonner que certaines réactions aient pu prendre un tour très radical.
Certains ont vu dans cet appel de M.Raffarin un rétablissement de la dîme, de la gabelle ou de la corvée. Pour d'autres cet appel n'est qu'un gadget médiatique visant à donner une coloration sociale à l'action gouvernementale.
Quoi qu'il en soit, la canicule de cet été aura mis en évidence, avec un éclat tragique, une double nécessité:
- La nécessité d'engager une politique plus ambitieuse en faveur des personnes âgées.
- La nécessité de conduire une politique économique socialement et fiscalement plus juste.
L'actuel gouvernement acceptera - t- il de répondre à ces exigences auxquelles souscrivent de plus en plus de français?
J'en doute.

J'ai consacré dans mon Weblog un article sur la France d'en haut et la France d'en bas. Si vous souhaitez vous y reporter, cliquez sur le lien ci-dessous:
Accès à ce message
Faites moi part de vos commentaires