De tout et de rien

Voici quelques notes personnelles en réaction à l'actualité et à certains événements de ma propre vie.

samedi, mars 12, 2005

Référendum sur le projet de constitution européenne



Referendum sur le projet de constitution européenne et Démocratie

Le Président de la république a arrêté au 29 mai la date du referendum sur le projet de constitution européenne.
D'ores et déjà, on peut se demander si toutes les conditions sont réunies pour que ce referendum se déroule d'une manière parfaitement démocratique.
Pour ma part, je crois discerner trois difficultés susceptibles de fausser dans une certaine mesure le débat public devant précéder ce scrutin.
La première difficulté émane de tous ceux, au nombre desquels on peut d'ailleurs compter des syndiqués, qui affirment que les syndicats ne devraient pas donner de consigne de vote au prétexte que, ce faisant, ils se substitueraient illégitimement aux politiques.
Je ne partage pas ce point de vue. Pour moi, le projet constitutionnel se propose de mettre en place, à l'échelle européenne, un ordre économique qui n'est qu'une forme plus radicale du libéralisme que nous connaissons déjà, c'est à dire un ordre économique tout à fait contraire aux intérêts du monde du travail. Le premier devoir du mouvement syndical étant de protéger le monde du travail, je considère que les syndicats sont tout à fait fondés, si leurs adhérents le souhaitent majoritairement, non seulement à dénoncer la nocivité de ce projet constitutionnel mais encore à émettre, à son propos, une consigne de vote, une telle démarche relevant parfaitement du champ de la compétence syndicale.
Certes, je suis tout à fait hostile à ce projet constitutionnel, mais me voulant démocrate, j'estime que le Medef serait également tout à fait fondé, si ses adhérents en exprimaient majoritairement le souhait, à émettre une consigne de vote en faveur du oui.
Au total, la question de savoir si les syndicats doivent ou non émettre une consigne de vote divise plus ou moins le mouvement syndical, perturbe l'électorat et ne peut manquer d'ajouter de la confusion au débat devant précéder le scrutin.
C'est pourquoi, je n'hésite pas à dire que les syndicats qui, après avoir vigoureusement dénoncé la nocivité de ce projet constitutionnel, se refusent à donner une consigne de vote, ne vont pas au bout de leur pensée, s'empêtrent dans une contradiction et compromettent, d'une certaine façon, la qualité démocratique d'un tel scrutin.

Autre difficulté: la date que le Président de la République a retenue, celle du 29 mai.
Le projet constitutionnel comprend de nombreuses pages. Peu de gens le liront, même sous la forme de résumés. C'est par la campagne électorale que la plupart des électeurs pourront en connaître le contenu, en évaluer les enjeux, en apprécier les conséquences sur leur propre vie.
Vu l'importance de ces enjeux, la campagne électorale ne saurait être bâclée. Le projet constitutionnel appelle des éclaircissements, de longues explications, une réflexion pour démêler les opinions divergentes qui s'exprimeront.
Or, le temps dévolu à un tel débat me paraît trop bref. On a l'impression que l'on veut hâter, dans le camp du oui, l'heure du scrutin, que l'on craint qu'une active pédagogie ne mette en évidence la nocivité de ce traité pour le monde du travail.

Voici la troisième difficulté.
Pour que ce scrutin soit parfaitement démocratique, encore faudrait-il que le camp du oui et celui du non disposent, pour faire campagne, de ressources égales.
Le temps de parole officiellement attribué à la télévision est théoriquement égal pour les deux camps. Il restera à vérifier si, dans les faits, la télévision mais aussi les autres médias font véritablement preuve d'impartialité.
On peut en douter.
Tout d'abord, les interventions télévisuelles du Président de la République ne sont pas décomptées du temps accordé au oui. De plus, on observe que certains journalistes d'information, oublieux d'une juste neutralité, ont tendance à assurer la promotion du oui.
Il serait donc juste que des contrôles interviennent, dès maintenant, à ce sujet, faute de quoi le débat sur le projet constitutionnel ne manquera pas d'être plus ou moins faussé.
Gardons nous, par ailleurs, d'oublier que le camp du oui est, pour partie tout au moins, aussi celui de l'argent.
Les grandes compagnies dont on vient de révéler les faramineux profits, au cours de l'année écoulée, ont tout intérêt à assurer la victoire du oui. L'adoption du projet constitutionnel offrirait, en effet, au grand patronat un formidable outil pour asservir avec encore plus de rigueur le monde du travail. Aussi sont-ils nombreux ceux qui pensent que ces grandes compagnies, si elle se refusent à redistribuer la moindre partie de ces fabuleux profits à leurs personnels, pourraient bien, par contre, mettre la main à poche pour faciliter la victoire du oui.

En dernière analyse, la conjonction des trois difficultés que je viens d'évoquer m'incline à penser que toutes les conditions ne sont pas réunies pour permettre à ce scrutin de se dérouler dans des conditions parfaitement démocratiques.
Faut-il, pour autant, contester, à l'avance, la légitimité des résultats. Cela dépendra des écarts entre les scores réalisés par les deux camps. Je réserve donc, pour l'heure, mon jugement à ce sujet.
Pour conclure, je forme le voeu que le camp du non dont les ressources financières sont assurément moins importantes que celles de ses adversaires, compense ce handicap par un ardent militantisme.
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