De tout et de rien

Voici quelques notes personnelles en réaction à l'actualité et à certains événements de ma propre vie.

dimanche, mars 01, 2009

SORTIR DU CAPITALISME POUR BÂTIR UN AUTRE AVENIR


Sortir du libéralisme pour bâtir un autre avenir

Les mois de janvier et de février 2009 ont été marqués par de nombreuses luttes syndicales dont le point culminant a été la grande manifestation du 29 janvier qui a réuni dans nos rues environ 2 millions de personnes.
Le Président de la République a pris acte de l’inquiétude des français.
Mais c’est là pécher par omission. Le monde du travail c’est à dire la majorité de nos compatriotes ont, certes, exprimé par ces luttes et cette manifestation une réelle inquiétude mais aussi et surtout leur refus de la politique libérale du pouvoir actuel, qui ne cesse d’infliger au monde du travail une cascade de douloureux reculs dans le même temps où cette politique sert dévotement les intérêts et les privilèges du grand patronat et des classes dorées.
En descendant dans la rue, ce que nos compatriotes ont affirmé pacifiquement mais avec force, c’est la nécessité d’un nouveau partage des richesses produites en faveur des salaires et des pensions. Ce qu’ils ont clamé haut et fort, en ce temps où la pauvreté ne cesse de s’étendre, c’est le droit pour tous de se nourrir, de se loger, de se soigner, le droit aussi de s’instruire, d’accéder à des loisirs et des activités culturelles.

Sous la pression et non par vertu, le pouvoir a fait, en faveur des couches les plus modestes, quelques concessions que le Président de la République dans son discours à la nation en date du 18 février, a détaillées en s’efforcant d’en surévaluer la générosité.
A y regarder de plus près, les mesures annoncées, dont le coût de 2,8 millions d’euros est dérisoire par rapport aux milliards octroyés aux banques et à l’industrie automobile, dont la plupart sont des primes non reconductibles, ne sont pas de nature, même si elles représentent une légère inflexion sociale, à améliorer grandement et durablement le sort de ceux qui en bénéficieront, pas plus qu’elles ne sont de nature à relancer l’économie.

Les propos présidentiels sur la nécessité de modifier le partage des richesses de telle sorte que le monde du travail en recueille une plus juste part, tenus dans le discours précité, ne sont guère crédibles car amplement contredits, quelques phrases plus avant dans ce même discours, par des déclarations affirmant qu’il importe de maintenir le cap libéral, soutenant, en particulier, qu’il est hors de question, dans le contexte actuel, d’envisager une hausse des rémunérations qui permettrait pourtant d’armorcer une reprise de l’activité économique.
Aussi bien, le monde du travail a-t-il le sentiment de ne pas être entendu, d’avoir plus de raisons de craindre que d’espérer. Ce sentiment, conforté par une forte remontée du chômage se traduit, d’ailleurs, par le recul de la côte de popularité du Président de la République qui vient de s’abaisser à 37 % d’opinions favorables.

Défaillant dans le domaine économique, le pouvoir ne l’est pas moins dans celui de l’écologie.
Au tapage du Grenelle de l’environnement, tenu il ya 18 mois, a succédé un silence assourdissant. Les français sont sans doute préoccupés, en priorité, par le problème de leur pouvoir d’achat. Il n’empêche qu’ils percoivent de plus en plus clairement la nécessité de sauvegarder notre environnement. Le pouvoir parle beaucoup de la relance de l’économie sans pour autant prendre les mesures les plus propres à assurer ladite relance mais, par contre, il est quasi muet quant à la néccessité de relancer l’économie sur de nouvelles bases, selon d’autres modes de production et de consommation, capables de répondre aux urgences de l’écologie. A ce jour, peu de mesures ont été prises ou même envisagées pour, par exemple, encourager la production de voitures propres, la construction de maisons mieux isolées et chauffées par le recours à des énergies renouvelables et non polluantes, pour améliorer les transports en commun en vue de réduire le nombre des voitures qui encombrent nos rues et rendent l’air de nos grandes villes irrespirable, pour développer le ferroutage en vue d’abaisser le volume des transports routiers, pour substituer progressivement à l’agriculture productiviste des agricultures plus respectueuses de nos sols et plus saines etc.

Attaché à la production de vastes et immédiats profits pour quelques uns, peu soucieux de l’intérêt général, manquant de vision, n’ouvrant guère de perspectives d’avenir, sinon pour les classes dorées et les grands possédants, le pouvoir libéral, partout où il sévit et peut-être plus particulièrement en France sous l’ère sarkozienne, s’avère particulièrement nocif par plus d’un aspect.
Aussi, les zélateurs du régime, s’emploient-ils, avec le concours de médias acquis à leur cause, à masquer cette nocivité, comme en témoigne, entre autres choses, l’emploi surabondant du mot " crise " dans le discours officiel. On parle de la crise comme d’une sorte de fléau sanitaire survenu brutalement, qui se serait répandu, telle une fatale épidémie, dans le vaste monde. Le pouvoir utilise la crise ainsi présentée comme un alibi. C’est à la crise que l’on impute l’asthénie de notre économie, l’envolée du chômage, l’essor de la pauvreté, la baisse du pouvoir d’achat. Du même coup, le pouvoir s’exonère de toute responsabilité.

Ne nous laissons pas berner par ce type de discours. Notons, tout d’abord, que la crise économique a préexisté à la crise boursière. Bien avant que les banques ne défaillent, notre économie était déjà en panne. C’est, en fait, parce que les masses populaires ont été privées d’un pouvoir d’achat suffisant, le capital s’octroyant une part toujours plus royale des richesses produites, n’en concédant qu’une part toujours plus congrue au monde du travail, que notre économie a fléchi à un point tel que les grandes entreprises capitalistes se sont elles-mêmes mises en danger.
Le capital, déjà responsable de la crise économique ne l’est pas moins de la crise boursière. L’effondrement des banques n’est pas le produit d’une calamité imprévisible. Fonctionnant selon le dogme libéral du laissez faire, hors toute réglementation, hors tout contrôle, elles ont pu se livrer, dans l’espoir de juteux profits, à des spéculations hasardeuses avec l’argent de leurs clients et perdre ainsi des sommes exhorbitantes sur l’autel du risque et de la cupidité.
Ainsi donc, la crise, s’agissant de ses deux volets, économique et boursier, exprime avant tout la faillite du libéralisme qu’il faut voir comme un régime dépassé générant des problèmes qu’il est dans l’incapacité de résoudre.

Face à ce libéralisme, forme contemporaine d’un capitalisme porté à ses bornes les plus extremes, que le pouvoir sarkozien incarne sous sa forme la plus achevée, il importe, plus que jamais, de constituer un front uni pour s’opposer aux entreprises du pouvoir actuel. Ce front uni pourrait, entre autres choses, s’assigner trois tâches qui me paraissent essentielles :
Le déploiement de campagnes d’opinion pour faire contrepoids à une propagande officielle qui présente fallacieusement le libéralisme comme un régime idéal et incontournable dans lequel chacun peut trouver sa juste place pourvu qu’il le veuille, pour éclairer une opinion publique encore largement manipulée par les médias, pour gagner le plus grand nombre à l’idée que le libéralisme est un régime nocif, peu soucieux de l’intérêt général, entièrement au service des classes dorées et des grands possédants.
La poursuite et l’amplification des luttes engagées afin de repousser les nouvelles attaques que le pouvoir ne manquera pas de porter contre le monde du travail, afin d’arracher aussi, chaque fois que le rapport de force le permettra, quelques précieuses avancées.
Le rassemblement, hors toute vaine crispation identitaire, de toutes les forces progressistes de notre pays authentiquement hostiles au libéralisme, pour préparer et hâter l’avènement d’un nouvel ordre politique, économique et social plus démocratique, socialement plus juste, plus solidaire, plus respectueux des intérêts du monde du travail, plus attaché à des services publics de qualité, plus soucieux de l’avenir de la jeunese et de la protection des couches les plus vulnérables de notre société parmi lesquelles de nombreuses personnes âgées, plus attentif aussi à la sauvegarde de notre environnement.

En somme, s’il fallait inscrire sur nos banderoles une maxime résumant à la fois notre ultime ambition et les moyens de la réaliser, ne pourrions nous pas penser à cette simple phrase en substituant au mot liberalisme le mot capitalisme souvent mieux compris : " Sortir du capitalisme pour bâtir un autre avenir ".