De tout et de rien

Voici quelques notes personnelles en réaction à l'actualité et à certains événements de ma propre vie.

samedi, avril 05, 2014

Les municipales. Quels enseignements?

Les élections municipales viennent d'avoir lieu.
Avant de dégager les enseignements que l'on peut en tirer, quelques données factuelles s'y rapportant doivent être rappelées:
- Le taux d'abstention, s'élevant à 38,50%, est le plus important jamais observé pour des  municipales.     
- On observe, en nombre de voix, une relative stabilité pour l'UMP mais, par contre, une très forte augmentation du nombre de ses élus.
- La débâcle du PS se traduit par une forte chute du nombre des voix qu'il obtient avec la perte d'un grand nombre de ses élus.
- Le Front National, à l'exemple de l'UMP enregistre une augmentation modérée en voix  avec    une assez  forte augmentation de ses élus.  
-  Le Front de Gauche, toujours en voix, se maintient, voire enregistre une sensible progression   avec une légère augmentation de ses élus, notamment lorsque ses listes ont reçu l'appoint d'écologistes ou de membres du parti socialiste ayant publiquement désavoué les politiques conduites par le pouvoir en place.
- La ville de Paris mise à part, la stratégie que le PC a parfois adoptée consistant à se dissocier du Front de Gauche et à s'allier avec le PS s'est  le plus souvent avérée négative, en raison du discrédit attaché à ce dernier.

Prenant en comptes ces données incontournables, je suis en mesure de présenter à propos de ce scrutin, des enseignements que je crois tout à fait logiques:
  - Le fort taux d'abstention qui est une caractéristique majeure de ce scrutin a été  principalement alimenté par l'abstention d'un grand nombre de nos compatriotes qui  habituellement votaient en faveur du PS. Ils ont ainsi exprimé leur désaveu des politiques conduites par un parti socialiste qui, de dérive en dérive, n'est plus un parti de gauche mais un parti  qui, advenu au pouvoir, conduit des politiques peu dissemblables de celles que mène la droite  lorsqu'elle accède au pouvoir.
 Il n'est que trop clair que François Hollande, à rebours des propos qu'il avait tenus lors de son discours du Bourget par lesquels il affirmait sa volonté de mettre à raison la Finance, s'est incliné devant les exigences du Medef et des classes dorées.
 Pour nous en tenir qu'à quelques exemples, remarquons qu'aucune mesure n'a été prise pour  mettre en oeuvre un partage des richesses produites, moins scandaleusement prodigue en  faveur  du capital et non moins scandaleusement congru pour le monde du travail.
 Remarquons  également que le système fiscal est plus que jamais clément en faveur du grand  patronat et  des classes les plus favorisées.

- Le désaveu du PS s'accompagne d'une aspiration à la construction d'une force  authentiquement de gauche.
 Cette aspiration est illustrée par le succès, relatif sans doute,  mais nullement négligeable, des listes du Front de Gauche, en particulier lorsqu'elles se sont ouvertes à des écologistes ou à des socialistes ayant publiquement dénoncé, à rebours de leur parti, les politiques droitières de l'actuel pouvoir.

- La réaction du Président de la République et des cadres du PS, au constat de ce désastre  électoral, présente un caractère un caractère quelque peu insolite qui nous éclaire,     cependant, sur leurs intentions profondes.
 La logique aurait voulu que l'actuel pouvoir, soucieux de reconquérir son électorat perdu,  opère, sinon un vigoureux virage à gauche, à tout le moins, une sensible inflexion à gauche.
 Or, François Hollande a choisi une voie tout à fait contraire.
 Le remaniement ministériel a surtout été marqué par le choix de Manuel Walls qui représente  l'aile la plus droitière du PS. De plus, Le chef de l'état a donné mission à tous les membres de  son nouveau gouvernement de poursuivre, avec plus de vigueur et d'efficacité, la même  politique.
 Ne pourrait-on pas dire avec Jean Luc Mélanchon  qu'une telle attitude s'apparente à un suicide politique?
On pourrait objecter que le pouvoir socialiste a évoqué la mise en place d'un pacte de    solidarité. Je doute, pour ma part, que ce pacte puisse apporter grand réconfort à tous ceux qui souffrent de la politique austéritaire que conduit le gouvernement. Observons tout d'abord que ce pacte  a été annoncé du bout des lèvres, alors que la nécessité de poursuivre la politique engagée a été proclamée à pleins poumons par tous les cadres du PS.De plus, l'attribution de quelques euros d'augmentation par mois aux smicards, lors de l'accession du PS au pouvoir, n'est guère la marque d'une grande sollicitude à l'égard des classes les plus défavorisées. 

- Un autre enseignement de ce scrutin tient au fait que le Front de Gauche représente la seule  force de Gauche authentique, la seule force capable de présenter une opposition réelle à la  gouvernance droitière que nous subissons, sous le pouvoir du PS ou de l'UMP depuis fort  longtemps, la seule force capable de contenir un Front National qui , par des promesses  illusoires, tente de s'ancrer dans les couches populaires.

Tout ceci assigne, selon moi, un double devoir au Front de Gauche:
- Il doit, tout d'abord, grandir pour devenir un parti de gouvernement. Les partis politiques  associés dans le Font de Gauche ne sauraient suffire .Il lui faut s'ouvrir à d'autres  associations, à de nouvelles adhésions individuelles hors appartenance à un parti, solliciter à  ce sujet fraternellement tous ceux que le PS a déçus.

- il Il doit également encore et toujours définir plus clairement les politiques qu'il se propose de mener. n'est pas possible dans le cadre d'un tel article d'énoncer dans le détail ces politiques. Je me  bornerai à souligner qu'elles doivent s'articuler autour du concept qu'il est convenu d'appeler  l'éco-socialisme. Ces deux mots étant devenus ambigus, je m'empresse d'ajouter qu'il doit s'agir non pas du socialisme dont se réclame par usurpation le PS mais d'un socialisme authentique impliquant une réelle rupture avec le capitalisme et d'une écologie se déployant dans un cadre politique authentiquement de gauche. Cela veut dire essentiellement assurer un plus juste partage des richesses produites entre le capital et le monde du travail. Cela veut dire également promouvoir très activement les énergies durables en provenance du soleil, du vent et surtout celles que peuvent nous offrir les fleuves et les océans.

C'est à ce prix que l'on pourra construire, sans doute avec patience et dans la durée, en France comme ailleurs, des sociétés plus justes, plus fraternelles, plus intelligentes, tout simplement plus humaines.