De tout et de rien

Voici quelques notes personnelles en réaction à l'actualité et à certains événements de ma propre vie.

samedi, novembre 29, 2008

Foire d’empoigne au PS-Quelles conséquences?-Quelles perspectives pour la Gauche?
Le Congrès national du Parti Socialiste vient de se tenir en cette fin de novembre 2008.
Aucune des 3 motions présentées respectivement par Benoit Hamon, Martine Aubry et Ségolène Royal n’a recueilli 50% des voix.
De plus, contrairement à l’habitude, les divergences entre ces 3 courants n’ont pas permis de mettre au point une motion de synthèse susceptible de concilier les différents points de vue. En conséquence et conformément aux règles propres à ce parti, les adhérents ont alors été appelés à désigner le premier secrétaire de leur parti.
La motion de Benoit Hamon ayant recueilli le moins de voix, leur choix devait donc se porter sur l’une ou l’autre des 2 candidates restant en piste.
Ce second scrutin tenu le 25 novembre a été extrêmement sérré. Martine Aubry l’a emporté par un écart minuscule de 45 voix, dans une atmosphère de confusion et d’âpre rivalité.
Ségolène Royal a refusé de reconnaître sa défaite et exigé qu’on organise un second vote. Des accusations de fraude ont fusé dans les 2 camps. Des invectives ont été échangées. Des menaces de recours a des procédures judiciaires ont été prononcées de part et d’autre.
Le Conseil national du parti appelant au retour au calme a procédé au recomptage des voix exprimées, a examiné les réclamations présentées par chacune des parties. Il a finalement tranché en faveur de Martine Aubry et l’a déclarée première secrétaire avec 102 voix d’avance, non sans que le camp de Ségolène Royal continue de crier au scandale et de réitérer sa menace d’un recours en justice.
Il est clair que ce tumulte, ces bruyantes discordes ne donnent pas du Parti socialiste une image très flatteuse.
Alors pourquoi cette confusion, ces luttes intestines qui ne peuvent profiter qu’à la droite ? Pourquoi aussi cette impuissance à rassembler une majorité nette autour d’une ligne clairement définie ?

Pour beaucoup de commentateurs politiques, cette regrettable cacophonie a pour origine des conflits d’ambition personnelle. On parle d’égos dilatés, de guerre des chefs.Sans nier que cette argumentation est à retenir, il me semble que ces dissensions tiennent aussi et surtout au fait que le Parti socialiste, au fil du temps, est devenu un parti ambigu. En effet, il regroupe, en son sein, des éléments dont beaucoup sont très dissemblables si bien qu’il est impossible de rassembler l’ensemble du parti, voire une majorité claire, autour des mêmes projets.
Certains se réclament du libéralisme au point d’avoir appelé à voter en faveur du projet constitutionnel européen qui porte la marque d’un vigoureux libéralisme. D’autres ne se reconnaissent pas dans le libéralisme et le combattent avec vigueur. D’autres encore, sans doute les plus nombreux, ayant une démarche moins tranchée, plus floue aussi, considèrent qu’il est possible de corseter le libéralisme, de lui donner une coloration sociale.
En tout cas, aux bornes extrêmes de cet échiquier, les points de vue sont si différents qu’ils ne peuvent être conciliés.
C’est dans cette hétérogénéité qu’il faut, me semble-t-il, rechercher la cause première, fondamentale des difficultés du parti socialiste.
Le climat de discorde qui affecte le parti socialiste ne date, certes pas, d’hier mais, excacerbé par le jeu des ambitions personnelles et l’importance de l’enjeu, il a été porté à son paroxysme, à l’occcasion de l’élection de son premier secrétaire.

On est donc tout naturellement porté à se demander quelles traces ces affrontements vont laisser, quelles incidence ils auront sur l’avenir de ce parti sur celui de la Gauche également..
Nous sommes là dans l’incertain domaine des projections et il faudrait assurément être devin pour répondre à ces questions avec quelque degré de certitude.
Je me hasarderai, cependant à formuler, non sans quelques précautions oratoires, quelques hypothèses, à énoncer aussi quelles conditions devraient être remplies pour que la Gauche retrouve le chemin du pouvoir.

L’image du parti socialiste étant désormais dédorée, il me paraît clair que le recrutement de nouveaux adhérents sera, au moins pour un temps,largement compromis.
Il semble, par ailleurs, probable que vont intervenir, au sein de ce parti, des phénomènes de désintégration et de reclassemment dont il est difficile d’apprécier l’ampleur :
Peut-être certains adhérents, gagnés par le découragement ou l’écœrement, quitteront-ils leur parti ou plus gravement encore décideront-ils de ne plus s’investir en politique.
D’autres pourraient rejoindre le Modem ou le Nouveau Centre ou, à l’inverse, se tourner vers des partis plus clairement positionnés à gauche tel le Parti de Gauche qui est en train de se créer et dont on peut espérer qu'il revitalise la Gauche.
Je tiens cependant pour vraisemblable que la majorité des adhérents restera au Parti socialiste que ses pertes, tout compte fait, seront assez limitées.
Homme de gauche, syndicaliste, je crains que le parti socialiste ainsi reconfiguré ne devienne de plus en plus un parti de centre gauche avec parfois des orientations de centre droit.
Je souhaiterais, pour ma part, et j’ose croire que que cela n’est peut-être pas impossible, que le parti socialiste s’ancre plus à gauche, conformément au vœu de certains de ses militants mais aussi d’une partie de l’opinion publique, qu’il cesse d’être ambigu, qu’il se délie de ses attaches libérales, qu’il puisse ainsi devenir un autenthique partenaire dans le cadre d’un front de gauche anti-libéral qui avec son apport ne manquerait pas de puissance.
A l’heure ou la faillite et la nocivité du libéralisme, forme contemporaine et extrême du capitalisme, deviennent des données de plus en plus manifestes, où les dommages qu’un tel régime engendre deviennent de plus en plus douloureux, il est urgent de constituer un front anti-libéral qu’à tout le moins un certain nombre de militants socialistes pourront rejoindre.
Mais cela ne peut s’accomplir que dans l’union. Aussi importe-t-il que les diverses composantes de la gauche, cessant de se crisper sur leurs spécificités, se rassemblent et, de plus, s’agrègent aux autres forces du mouvement progressiste (syndicats, associations etc...).

Permettez moi d’apporter une modeste contribution à la réflexion collective qu’il faudra mener pour définir les missions et les options stratégiques de ce front anti-libéral.
Le combat anti-libéral devrait, me semble-t-il, se déployer selon trois axes principaux :
- Le front anti-libéral devrait s’employer à construire de grandes luttes unitaires pour repousser les réformes libérales que le pouvoir actuel, sous l’impulsion du Président de la République, entend imposer, pour aussi, si le rapport de force le permet, arracher quelques avancées.
- Il lui appartiendra cependant de ne pas cacher que, dans le cadre libéral fort sous lequel nous vivons, ces luttes, si elles peuvent contenir les entreprises libérales, ne suffiront pas pour obtenir des changements décisifs propres à servir, en profondeur, l’intérêt général et notamment l’intérêt du monde travail.
C’est pourquoi le front anti-libéral doit également se donner pour tâche de préparer l’avènement d’un nouvel ordre politique, économique et social. Il lui faudra, en un premier temps, tracer les grandes lignes de cet ordre qu’il faut vouloir plus juste, plus humain, plus attentif aux exigences écologiques, qu’il faudra aussi, bien entendu, amender au fil du temps. Sur de telles bases, le front anti-libéral pourra alors partir à la reconquête de l’opinion publique.
- Enfin, le capital ayant su se mondialiser pour conduire de façon concertée et coordonnée ses entreprises libérales, il serait grandement utile que le front anti-libéral français noue des alliances avec les forces anti-libérales des autres pays concernés, afin de mener, dans certaines circonstances, des luttes de plus grande ampleur sous des formes internationaliées.

Pour conclure, je forme le vœu que les différentes composantes de ce front anti-libéral, s’inspirant du contre-exemple que représentent les récentes et affligeantes empoignades du parti socialiste, retiennent avant toute autre chose que le chemin de la réussite passe inéluctablement par l’union.